Dans une démarche inédite visant à rétablir la paix dans la région troublée de l’Ituri, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et l’armée ougandaise (UPDF) ont lancé ce lundi 31 mars une campagne de sensibilisation auprès des leaders communautaires du territoire de Djugu. Cette initiative conjointe, dont la première étape s’est déroulée à Fataki, à 110 kilomètres au nord de Bunia, marque un tournant dans les efforts de pacification de cette région en proie à des violences récurrentes.
Selon des sources sécuritaires bien informées, cette opération de sensibilisation cible spécifiquement les chefs traditionnels et les leaders d’opinion locaux. L’objectif ? Les amener à convaincre les jeunes ayant pris les armes de les déposer volontairement. Un ultimatum implicite semble avoir été lancé : ceux qui refuseraient de rejoindre le processus de paix en cours devront faire face à la puissance de feu combinée des deux armées.
Lors de cette rencontre stratégique, les représentants des FARDC ont longuement expliqué aux délégués locaux les enjeux de cette collaboration militaire inédite entre la RDC et l’Ouganda. « La mutualisation des moyens entre nos deux armées n’a qu’un seul but : garantir une paix durable dans votre région », ont-ils insisté devant une assistance attentive.
Le commandant des troupes ougandaises stationnées à Bethléem, localité proche de Fataki-Centre, a pour sa part adressé un message sans équivoque aux leaders communautaires présents : « Votre rôle est crucial pour convaincre ces jeunes de déposer les armes avant qu’il ne soit trop tard ». Une mise en garde qui laisse entrevoir l’imminence d’opérations militaires conjointes d’envergure contre les groupes armés récalcitrants.
Fait notable, l’officier ougandais a tenu à dissiper certaines craintes en affirmant avec force que la présence de l’UPDF à Djugu ne vise en aucun cas à favoriser une communauté au détriment d’une autre. « Notre mission est strictement de créer les conditions d’une cohabitation pacifique entre toutes les communautés », a-t-il martelé, conscient des tensions intercommunautaires qui minent la région.
La réunion a rassemblé un panel impressionnant d’autorités locales : chefs des secteurs de Walendu Djatsi et Pitsi, chef de la chefferie des Bahema Badjere, notables venus de Bule, Libye et Pimbo, sans oublier les membres du comité local de sécurité de Fataki et divers représentants des services de sécurité. Une telle représentativité témoigne de l’importance accordée à cette initiative par toutes les parties prenantes.
Cette opération conjointe FARDC-UPDF intervient dans un contexte sécuritaire particulièrement volatile en Ituri, où les violences intercommunautaires et les activités des groupes armés continuent de faire des victimes parmi les civils. Les dernières actualités RDC rapportent en effet une recrudescence des attaques dans plusieurs localités de la province, rendant plus urgent que jamais la recherche de solutions durables.
Alors que les opérations militaires se multiplient dans l’est de la RDC, cette approche combinant pression militaire et dialogue communautaire pourrait-elle marquer un tournant dans la résolution des conflits qui ensanglantent la région depuis des années ? La réponse dépendra en grande partie de la réception de ce message par les groupes armés locaux et de leur volonté réelle d’engager un processus de paix.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
