La cité de Bule, située dans la province de l’Ituri en République Démocratique du Congo (RDC), fait face à une crise humanitaire sans précédent. Plus de 32 000 déplacés, fuyant les violences dans les zones de santé de Fataki et Linga, ont afflué vers cette localité et ses environs. Cette situation, relayée par le Cluster Sécurité Alimentaire Grand Oriental, met en lumière les défis majeurs auxquels sont confrontées les populations locales et les nouveaux arrivants.
Les déplacés, répartis en 6 442 ménages, se sont principalement installés dans la cité de Bule (98 %), ainsi que dans les sites de Plaine Savo et Tsukpa. Originaires de localités telles que Fataki, Lodha, Djaiba et Sanduku, ces personnes ont trouvé refuge chez des familles d’accueil, dans des écoles ou des églises. Cependant, leur situation reste précaire, aggravée par la peur des affrontements entre groupes armés et l’accès limité aux champs.
La psychose règne à Bule, alimentée par les combats entre les groupes armés CODECO et Zaïre, ainsi que par des rumeurs d’attaques imminentes. Les mouvements incessants des éléments CODECO le long de la RN27 et les interruptions intempestives du trafic routier sur les axes commerciaux ont créé un blocus de facto. Les populations locales et les déplacés se retrouvent ainsi privés d’accès aux denrées de première nécessité, plongeant la région dans une crise alimentaire aiguë.
Depuis le 18 mars, de nouvelles vagues de déplacés continuent d’affluer à Bule, fuyant les affrontements entre les forces ougandaises (UPDF) et les combattants CODECO. Bien que des interventions humanitaires soient prévues, certaines opérations ont dû être suspendues en raison de l’insécurité persistante. Les infrastructures locales, déjà fragiles, sont mises à rude épreuve. Le centre de santé de référence de Bule, par exemple, doit désormais répondre aux besoins de plusieurs aires de santé voisines, tandis que les rares points d’eau disponibles sont sursollicités par une population qui a quadruplé.
La situation sécuritaire dans la région demeure extrêmement préoccupante. Les affrontements entre groupes armés, les restrictions de mouvement et l’accès restreint aux champs exacerbent la précarité des populations. Les acteurs humanitaires tirent la sonnette d’alarme, mais les défis logistiques et sécuritaires compliquent considérablement les efforts d’assistance. Dans ce contexte, la communauté internationale est appelée à redoubler d’efforts pour venir en aide aux populations affectées par cette crise multiforme.
Cette situation illustre une fois de plus les défis humanitaires auxquels fait face la RDC, en particulier dans les régions de l’Est du pays. Les violences persistantes, combinées à la pression démographique et à la fragilité des infrastructures, créent un cercle vicieux dont il est urgent de sortir. Les autorités congolaises et les partenaires internationaux doivent agir rapidement pour éviter une détérioration supplémentaire de la situation.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd