Bukavu, la ville qui tremble chaque nuit. Ces dernières 48 heures, trois nouvelles vies se sont éteintes dans des circonstances macabres, alimentant l’angoisse collective. Comment une cité autrefois paisible est-elle devenue le théâtre de cette violence quotidienne ? Dans le quartier Nyamugo, un adolescent a été abattu par balle sur le chemin du retour. Les habitants, révoltés, ont manifesté avec sa dépouille avant d’être dispersés par des tirs de sommation. « C’est la troisième fois ce mois-ci que nous enterrons un jeune », confie sous anonymat une habitante de Kadutu, les mains tremblantes. À quelques kilomètres de là, avenue Ruzizi, la vindicte populaire a frappé. Un présumé voleur lynché puis brûlé en plein jour. Même scénario au quartier Nkafu où la foule a fait justice elle-même. Ces drames s’inscrivent dans une spirale infernale : entre le 6 et le 9 mars, dix morts par armes à feu ont été recensés selon nos sources sécuritaires. Le rapport alarmant d’OCHA révèle une autre dimension du cauchemar : dix corps retrouvés en une seule nuit dans trois communes. Les forces de l’ordre, débordées, pointent du doigt des groupes armés infiltrés. « Nous faisons face à une stratégie de terreur visant à déstabiliser la région », analyse un colonel sous couvert d’anonymat. Cette recrudescence de violence interroge sur l’efficacité des mesures sécuritaires. Les habitants, entre colère et résignation, s’organisent en milices d’autodéfense. Une solution risquée qui pourrait aggraver les tensions, selon les observateurs internationaux. Bukavu, miroir des défis sécuritaires congolais, attend désespérément une lueur d’espoir.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net