Deux mois après la prise de Goma par les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, l’aéroport international de la ville reste un symbole paralysé des défis sécuritaires en RDC. Le tarmac, théâtre de récents travaux de déminage, révèle l’ampleur des cicatrices laissées par les combats. Mais derrière cette opération technique se cache un enjeu stratégique : rouvrir cette artère vitale pour le Nord-Kivu, région minée par les conflits. Les équipes de déminage œuvrent sous haute tension. Chaque mètre carré inspecté rappelle que les affrontements entre le M23 et l’armée congolaise – appuyée par des alliés controversés – ont transformé la zone en champ de mines improvisé. « La piste elle-même n’est que la partie émergée du problème », confie sous anonymat un ingénieur aéroportuaire. « Les abords sont jonchés d’engins non explosés. » La tour de contrôle, fierté technologique financée par la Banque mondiale en 2021, offre un spectacle de désolation. Ses équipements de navigation réduits en miettes, ses archives disparues : un sabotage méthodique qui interroge. Était-ce l’œuvre du M23 en retraite, de pillards, ou d’acteurs voulant entraver la reprise économique ? Les conséquences économiques sont déjà palpables. « Avant la fermeture, nous traitions 50 vols hebdomadaires », déplore un agent de la Régie des Voies Aériennes (RVA). Les humanitaires, eux, doivent désormais acheminer l’aide via Kisangani ou Bunia, avec des surcoûts qui grèvent des budgets déjà tendus. Reste une question cruciale : cette fermeture prolongée ne risque-t-elle pas d’asphyxier davantage une région où 2,8 millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire ? Alors que les pourparlers de Luanda piétinent, Goma retient son souffle, consciente que la réouverture de son aéroport sera le premier vrai test de la stabilisation régionale.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net