**Afrique : Les femmes redessinent les équilibres du pouvoir politique et diplomatique** Alors que le continent africain poursuit sa mue géopolitique, une tendance forte émerge cette semaine : l’ascension irrésistible des femmes aux postes de décision stratégiques. De Windhoek à Kinshasa, en passant par les zones de conflit de l’Est congolais, leur leadership s’impose comme un levier transformationnel. **Namibie : Un gouvernement au féminin pluriel** L’histoire s’accélère en Namibie où Netumbo Nandi-Ndaitwah, 72 ans, vient de prêter serment comme cheffe d’État. Dans son sillage, Lucia Witbooi accède à la vice-présidence, scellant une première africaine : jamais un exécutif n’avait été dirigé par deux femmes. Ce cabinet resserré à 14 ministres – dont huit femmes – incarne une rupture générationnelle et genrée. « Cette configuration reflète notre volonté de gouvernance inclusive », souligne un député de la Swapo, le parti au pouvoir. Ce modèle namibien interroge : et si la parité devenait un antidote aux crises politiques récurrentes sur le continent ? L’ONU Femmes salue une « avancée symbolique majeure » tandis que des observateurs pointent l’émergence d’un « soft power féminin » en Afrique australe. **RDC : Le duo féminin en première ligne de la médiation** À 3 000 km de là, dans l’Est congolais miné par les conflits armés, deux autres Africaines montent au front. L’ex-présidente centrafricaine Catherine Samba-Panza et l’Éthiopienne Sahle-Work Zewde viennent d’être mandatées par la SADC pour relancer le dialogue de paix. Leur mission : apaiser les tensions entre Kinshasa, le Rwanda et les groupes armés locaux. « Leur nomination comble un vide laissé par le retrait angolais de la médiation », analyse un diplomate sous couvert d’anonymat. Leur atout maître ? Une approche conciliatrice forgée dans leurs expériences nationales respectives. Mme Samba-Panza, qui dirigea la transition centrafricaine de 2014 à 2016, mise sur son expertise des sorties de crise. Mme Zewde, première présidente éthiopienne, capitalise sur son aura de rassembleuse. **Un changement de paradigme africain ?** Ces nominations s’inscrivent dans un mouvement plus large. Selon la Banque mondiale, les pays africains affichent le taux moyen de représentation féminine au parlement le plus élevé au monde (24 %). « Nous assistons à l’émergence d’un leadership féminin panafricain structuré », décrypte la politologue camerounaise Mimi Mefo. Reste à savoir si ce vent de fraîcheur traversera les frontières. En RDC où les femmes occupent seulement 12 % des sièges à l’Assemblée nationale, le chemin paraît encore long. Mais à l’heure où l’UA fait de la « Décennie de l’inclusion financière des femmes » sa priorité, les exemples namibien et congolais pourraient faire école. Une certitude : en associant parité et résolution des conflits, l’Afrique écrit peut-être une nouvelle page de sa gouvernance – avec des encres différentes.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd