Luanda a surpris la communauté internationale en annonçant son retrait officiel du rôle de médiateur dans le conflit qui déchire la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Le président angolais João Lourenço, qui avait été désigné par l’Union africaine pour piloter les efforts de paix dans cette région tourmentée, a décidé de mettre fin à son implication après des mois de négociations infructueuses. Ce revirement marque un tournant dans une crise qui menace désormais de s’étendre à l’ensemble de la région des Grands Lacs.
Depuis le début du “processus de Luanda”, des initiatives importantes avaient été mises en place, notamment un cessez-le-feu signé en juillet 2024 et des tentatives de dialogue entre la RDC et le groupe rebelle M23, accusé par Kinshasa et des rapports internationaux de bénéficier du soutien de Kigali. Cependant, ces efforts ont rapidement été effacés par la recrudescence des violences. Depuis janvier 2025, le M23 a intensifié ses attaques, s’emparant stratégiquement des villes de Goma et Bukavu, laissant des millions de civils désemparés dans l’Est de la RDC.
Face à cet échec, la présidence angolaise a déclaré que “les conditions ne sont plus réunies” pour continuer à jouer un rôle de médiateur, pointant également l’absence d’un véritable engagement des parties impliquées. En effet, les tensions entre Kinshasa, qui exige le retrait immédiat du soutien présumé de Kigali au M23, et le Rwanda, qui nie toute implication, ont atteint de nouveaux sommets. Par conséquent, l’Angola a décidé de concentrer ses efforts sur d’autres priorités au sein de l’Union africaine.
Cette décision soulève désormais de lourdes interrogations sur l’avenir de la médiation. Un autre chef d’État africain devra être nommé pour reprendre ce dossier complexe. Alors qu’un sommet conjoint entre la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) se profile, les attentes se tournent vers ces institutions régionales pour insuffler un nouvel élan aux discussions de paix. Cependant, la tâche s’annonce particulièrement ardue.
Le départ de l’Angola comme arbitre dans ce conflit met en lumière les limites des efforts diplomatiques face à une escalade militaire et humanitaire alarmante. Avec plus de sept millions de personnes déplacées, la crise de l’Est de la RDC apparaît comme l’une des situations les plus désespérantes du continent africain. La communauté internationale est désormais confrontée à une responsabilité accrue pour empêcher une détérioration supplémentaire et éviter que ce conflit ne se mue en une guerre régionale de plus grande ampleur.
Derrière cette annonce, c’est un signal d’alarme pour les acteurs régionaux et mondiaux : la résolution de cette crise dépendra d’une coordination accrue et d’une volonté politique sans faille. Pour l’Est de la RDC, l’espoir repose à présent sur l’émergence de nouvelles solutions diplomatiques capables de surpasser les défis actuels et d’apaiser les tensions profondes qui minent la région.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: linterview.cd