Une semaine après les violents affrontements qui ont vu la prise de contrôle de Walikale-centre par les rebelles de l’AFC/M23, une fragile accalmie semble s’installer. Ce contexte tendu n’a cependant pas empêché la Croix-Rouge de la RDC de débuter, depuis ce mardi 25 mars, une mission des plus macabres : le ramassage et l’inhumation des corps laissés à l’abandon dans les rues de la cité.
Selon des informations rapportées, plusieurs jours après les combats, de nombreux corps étaient encore visibles dans les quartiers de la ville. Les victimes incluent aussi bien des civils que des militaires. L’inhumation de ces dépouilles avait été retardée par la situation sécuritaire incertaine qui pesait sur la région, mais l’urgence sanitaire force aujourd’hui les autorités locales et les secouristes à agir. Sur le terrain, les corps, déjà en état avancé de décomposition, suscitent des inquiétudes majeures quant aux risques pour la santé publique. “Cela pourrait engendrer des maladies parmi la population,” confiait un secouriste impliqué dans ces opérations.
Pour l’heure, la Croix-Rouge évite de dévoiler le nombre exact de corps inhumés. Cependant, selon une source locale du quartier Camp TP, non loin de l’aérodrome de Kigoma, au moins 30 corps auraient été repérés, attendant d’être enterrés. Face à l’ampleur de la tâche, les équipes de la Croix-Rouge, sous-effectif, peinent à répondre à cette mission étourdissante. Elles continuent néanmoins leur quête dans les différents quartiers de Walikale-centre à la recherche d’autres éventuelles dépouilles.
Pendant ce temps, la vie demeure suspendue à Walikale-centre. De nombreux habitants, terrifiés par les récents combats, ont pris la fuite vers des villages isolés situés le long de l’axe Kisangani. Pour les rares individus restant dans la cité, les structures comme l’hôpital général de référence et la base des Médecins Sans Frontières (MSF) servent de refuge temporaire.
La situation demeure critique sur le plan militaire. Les rebelles de l’AFC/M23 tiennent toujours fermement la cité de Walikale malgré une offensive conjointe de l’armée congolaise et des combattants wazalendo conduite le vendredi précédent. Actuellement, les forces armées maintiennent leur position avancée à Boboro, à 24 kilomètres de Walikale-centre, en direction de Kisangani. Ce statu quo militaire laisse présager une incertitude persistante pour l’avenir de cette région meurtrie.
La tragédie de Walikale-centre reflète une fois de plus les défis humanitaires et sécuritaires croissants auxquels la RDC est confrontée dans ses luttes contre les violences armées. Tandis que les secouristes accomplissent leur tâche dans des conditions extrêmes, une question s’impose : combien de temps cette accalmie précaire durera-t-elle avant que la tempête des conflits ne se réenflamme ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
