L’Est de la République démocratique du Congo (RDC) est devenu le théâtre d’une tragédie complexe, dénoncée par Ronny Jackson, membre du Congrès américain et envoyé spécial de Donald Trump. De retour de sa tournée en Afrique centrale, il pointe un territoire plongé dans l’insécurité et l’instabilité, qu’il qualifie de “wild, wild east”. Selon lui, les autorités de Kinshasa n’ont plus les moyens de contrôler la situation.
« L’Est de la RDC est une zone totalement non gouvernée », déclare-t-il, ajoutant que le gouvernement n’est qu’une entité de plus parmi celles tirant profit des immenses ressources de la région, estimées à des milliers de milliards de dollars. Ces richesses, qui pourraient faire du Congo un des pays les plus prospères, restent hors de portée à cause de l’insécurité. Ronny Jackson met également en lumière la mainmise de certains pays voisins comme l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi, qui exploitent ces ressources sans aucune opposition.
Le groupe rebelle M23, qui agit désormais “sans réelle opposition”, est également au cœur de ses préoccupations. Jackson constate que les FARDC, les forces armées congolaises, sont incapables de résister, certaines fuyant devant les rebelles ou même rejoignant leurs rangs. L’envoyé spécial souligne la dimension historique et sociopolitique de la crise, en évoquant un problème d’identité nationale : de nombreux membres du M23 ne sont pas reconnus comme citoyens congolais, ce qui, selon lui, approfondit les divisions. Il plaide pour leur inclusion politique et sociale, ainsi que leur intégration dans l’armée congolaise afin de transformer ces groupes “en citoyens congolais qui défendent leur pays”.
Cependant, la situation est plus complexe puisqu’elle est exacerbée par les tensions personnelles entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame. Ces différends, estime Jackson, doivent être mis de côté pour parvenir à une coopération régionale. Il propose de partager les bénéfices économiques de l’est congolais entre les pays voisins, notamment via le raffinage des minerais dans plusieurs pays. Cette idée vise à donner à chacun un intérêt économique pour s’engager dans la stabilisation de la région.
Au-delà de la sécurité, Ronny Jackson évoque également un autre obstacle majeur au développement de la RDC : un climat d’affaires préjudiciable. Il pointe du doigt la corruption, les pratiques fiscales arbitraires et la manipulation des taux de change. Selon lui, ces dysfonctionnements permettent surtout à certains membres du gouvernement congolais et leurs familles de s’enrichir, tandis que la majorité de la population reste dans une grande précarité.
Il cite l’exemple d’une entreprise suisse valorisée à 18 milliards de dollars, confrontée à une facture fiscale fantaisiste de 80 milliards de dollars. Ce manque de transparence décourage les investissements étrangers, un levier pourtant indispensable pour le développement économique de la région. En revanche, les entreprises chinoises s’en sortent mieux grâce à leur flexibilité à payer des pots-de-vin, une option que les firmes américaines ne peuvent se permettre.
Ronny Jackson conclut en soulignant que bien que la résolution de ces problèmes semble lointaine, elle est essentielle pour envisager un avenir meilleur pour la RDC et ses habitants. « Tant qu’on ne règle pas ces problèmes, le reste ne comptera pas », avertit-il.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
