La tension monte à Paris alors que le concert caritatif “Solidarité Congo” prévu pour le 7 avril 2025 à l’Accor Arena suscite une vive controverse. Cet événement, conçu pour venir en aide aux enfants victimes du conflit dans l’Est de la RDC, se heurte à une opposition ferme de la mairie de Paris et de plusieurs organisations. Une date qui coïncide avec la Journée nationale de commémoration du génocide des Tutsis alimente ce débat épineux.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a pris position en demandant l’interdiction de ce concert, invoquant des risques importants de troubles à l’ordre public. Dans un communiqué, elle déclare : “Si l’objectif de soutenir les enfants victimes du conflit à l’Est du Congo est évidemment louable, le choix du 7 avril, date marquant le début du génocide des Tutsis, reste inapproprié.” Cette déclaration vient renforcer les alertes du Préfet de police et des représentants rwandais en France, notamment l’ambassadeur François Nkulikiymfura, signalant les tensions persistantes entre les communautés rwandaise et congolaise à Paris.
De leur côté, les organisateurs du concert n’entendent pas fléchir. Avec un plateau d’artistes prestigieux tels que Fally Ipupa, Gims, Youssoupha et Angélique Kidjo, cet événement s’inscrit comme un engagement humanitaire fort. “Nous mesurons les préoccupations autour de cette date malencontreuse, mais nous restons fidèles à notre mission : utiliser la musique pour agir face à l’urgence,” expliquent-ils dans leur communiqué publié le 24 mars. Affichant une volonté de dialogue et de respect envers toutes les mémoires, ils souhaitent garantir la réussite de cet événement qualifié d’essentiel.
Cette controverse s’inscrit dans un contexte marqué par des défis diplomatiques et sociaux entre différents acteurs. Le conflit dans les régions des Grands Lacs, avec en toile de fond les activités du groupe M23 soutenu par le Rwanda selon Kinshasa, alimente des tensions historiques et politiques. Ces divergences reforment une ligne de fracture entre les communautés congolaises et rwandaises, pas seulement en Afrique, mais également dans la diaspora européenne.
Alors que la presse internationale s’empare de ce sujet, les critiques émergent sur les choix stratégiques du calendrier. Si le soutien à l’Unicef et aux enfants congolais demeure la pierre angulaire du projet, organiser cet événement le même jour que la Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis ravive les ressentiments et polarise les opinions.
Paris se retrouve une fois de plus au croisement de l’histoire et de la géopolitique. Ce concert caritatif, louable dans son intention humanitaire, interroge sur la conciliation de mémoires douloureuses et sur l’urgence d’un dialogue respectueux entre communautés. Les prochains jours seront décisifs alors que la ville lumière s’apprête à voir s’entrechoquer deux causes d’une importance cruciale, jetant un éclat sur les sensibilités des relations internationales impliquées.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
