Depuis janvier 2025, la localité de Mavivi, située à une dizaine de kilomètres au nord de Beni, sombre dans un climat d’insécurité sans précédent. Les violences perpétrées par les rebelles des Forces Démocratiques Alliées (ADF), affiliés à l’État islamique selon les autorités congolaises, plongent les habitants dans une angoisse quotidienne. Cette escalade des tensions s’accompagne de raids meurtriers, d’enlèvements fréquents, de déplacements massifs de populations et d’incendies qui marquent chaque jour les terres de cette région sinistrée.
Les témoignages locaux rapportent un bilan alarmant : plus de 35 morts depuis le début de l’année, des maisons réduites en cendres et des scènes de pillage qui intensifient la crise humanitaire. Les groupements Batangi-Mbau et Ngite, particulièrement touchés, sont aujourd’hui le théâtre de cette souffrance. Mais le danger ne provient pas uniquement des rebelles. Gervais Makofi Bukuka, notable de Mavivi, dénonce une troublante réalité : des militaires des Forces armées de la RDC (FARDC), hors de leur poste d’affectation, sème également la terreur. Habillés en civil mais armés, ces soldats seraient responsables de cambriolages et de tirs injustifiés, plongeant une fois de plus la population dans un cauchemar quotidien.
Ces exactions alimentent un sentiment d’abandon chez les habitants, qui réclament à cor et à cri une intervention réelle des autorités militaires. La demande est claire : réintégrer ces militaires indélicats dans leurs unités et garantir la sécurité des civils. Cependant, malgré les efforts conjoints des FARDC et leurs partenaires ougandais des UPDF dans le cadre des opérations Sokola1, la sécurisation de cette région reste un défi de taille. Le colonel Mak Hazukay, porte-parole des FARDC, affirme travailler à l’identification des éléments perturbateurs, mais la population attend des actes concrets, au-delà des promesses.
Les attaques répétées n’affectent pas seulement la sécurité de Mavivi, elles paralysent également sa vie socio-économique. Les agriculteurs désertent leurs champs par peur des représailles, exacerbant une crise alimentaire déjà critique. Les routes, devenues impraticables en raison des embuscades incessantes, freinent tant les activités commerciales que l’accès des organisations humanitaires. Gervais Makofi Bukuka tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme : sans réforme profonde des opérations militaires et sans rétablissement de la confiance entre les forces armées et la population, la situation ne fera qu’empirer.
Aujourd’hui, plus qu’un plaidoyer, c’est un cri du cœur des habitants de Mavivi qui s’élève, appelant à une réelle prise de conscience des autorités congolaises et internationales pour restaurer la paix et la sécurité dans ce coin meurtri de la République Démocratique du Congo.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net