Les activités socio-économiques commencent lentement mais sûrement à reprendre à Mubi, une petite localité située à 32 kilomètres à l’ouest de Walikale-centre, dans la province du Nord-Kivu. Cette région a été récemment secouée par des affrontements impliquant les rebelles de l’AFC/M23, et des pillages perpétrés par des militaires congolais en fuite, provoquant de profonds traumatismes pour les habitants restants et les déplacés.
Mubi, qui appartient au groupement Utunda, a été le théâtre d’événements désastreux mercredi dernier. Alors que les forces rebelles menaient une offensive ayant conduit à la prise de Walikale-centre, des militaires congolais en déroute ont profité de l’absence des habitants pour piller non seulement les maisons mais aussi plusieurs boutiques. Des sources coutumières rapportent que ces militaires ont agi en toute impunité, ajoutant une couche supplémentaire à la détresse des populations qui avaient fui vers Kisangani ou s’étaient réfugiées dans la forêt avoisinante.
Cependant, un mince espoir commence à renaître. Le dimanche suivant, les habitants ont commencé à regagner la localité, encouragés par l’annonce du retrait des rebelles de Walikale-centre. Le climat était presque solennel, marqué par un culte tenu à l’église 8e CEPAC SMIRNA. Ce retour progressif à une vie communautaire témoigne de la résilience des habitants, bien qu’un sentiment palpable d’incertitude plane encore.
Sur le plan économique, la situation reste préoccupante. Les propriétaires des commerces pillés évaluent les dégâts, et leurs témoignages témoignent de pertes dévastatrices. Nombre d’entre eux ne savent pas comment ils vont se relever après avoir perdu l’intégralité de leurs moyens de subsistance. Dans le marché central, les activités économiques reprennent timidement. Quelques vendeurs proposent des denrées alimentaires comme le riz, les haricots, la farine de manioc, ainsi que de la viande de bœuf et de porc. Toutefois, les prix ont subi une hausse notable, conséquence directe de la crise sécuritaire. Par exemple, le prix d’un gobelet de riz est passé de 1500 FC à 2000 FC, et celui des haricots a également augmenté, ajoutant un fardeau supplémentaire pour les clients déjà en difficulté.
La logistique s’avère également compliquée. Bien que quelques conducteurs de motos taxis soient visibles sur le parking de Mubi, le commerce en général souffre d’un manque cruel de liquidités. La fermeture des points de mobile money aggravent la situation, rendant l’argent électronique inutile dans ces circonstances. L’économie locale, fragilisée par les conflits, montre les signes d’une reprise hésitante mais critique pour la survie des résidents.
Face à cette réalité, les habitants appellent à une solution durable pour mettre fin à l’insécurité chronique qui paralyse la région. Alors que les autorités congolaises restent silencieuses face à ces événements déchirants, la question se pose : combien de temps encore la population de Mubi devra-t-elle souffrir de ces violences répétées et de leur impact socio-économique dévastateur ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
