Une mission du groupe d’experts des Nations Unies est annoncée à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, du 23 au 27 mars 2025. Ce déplacement, à l’invitation du mouvement rebelle Alliance Fleuve Congo (AFC/M23), suscite des interrogations et des attentes dans une région marquée par l’instabilité sécuritaire et humanitaire.
L’AFC/M23 a confirmé avoir reçu une demande pour cette visite et a manifesté sa volonté de « responsabilité » dans l’échange avec les experts onusiens. Bien que les objectifs précis de cette mission n’aient pas encore été dévoilés, il est probable que cette initiative vise à évaluer la situation sécuritaire et humanitaire sur le terrain depuis l’occupation de Goma par la rébellion. Cette occupation, qui remonte à début 2025, a exacerbé les tensions dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), déjà profondément fragilisé par des décennies de conflit.
Le contexte de cette visite est particulièrement chargé. Elle survient deux mois après la publication du dernier rapport des Nations Unies sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC. Ce rapport alarmant accusait l’armée rwandaise de soutenir activement le mouvement rebelle AFC/M23. Il révèle, entre autres, que le général Sultani Makenga, chef militaire de cette rébellion, bénéficierait d’un soutien logistique et stratégique des services de renseignement rwandais.
Selon les analyses du même rapport, entre 3 000 et 4 000 soldats rwandais seraient stationnés dans plusieurs territoires du Nord-Kivu. Ces forces, incluant des unités spéciales, auraient joué un rôle déterminant dans les récentes offensives du M23 ayant abouti à la prise de localités stratégiques. Ces allégations sur l’implication du Rwanda, récurrentes dans les enquêtes des Nations Unies, continuent de peser lourdement sur les relations diplomatiques entre Kinshasa et Kigali.
La venue des experts des Nations Unies dans un tel contexte soulève plusieurs questions : quel sera leur degré d’accès et de liberté d’action dans une région encore sous contrôle des rebelles ? Obtiendront-ils des informations nouvelles sur les mécanismes d’appui transfrontalier à cette rébellion ? Et surtout, quelles pourraient être les implications de leurs observations sur les efforts de stabilisation en cours ?
Les habitants de Goma et des environs, pris en étau entre les rebelles et un avenir incertain, espèrent que cette mission permettra de mettre en lumière les souffrances de la population et d’apporter des réponses concrètes. Un défi immense alors que les tensions entre la RDC et le Rwanda montrent peu de signes d’apaisement. Ce déplacement des Nations Unies pourrait bien être un jalon clé dans la longue quête de paix et de sécurité dans cette zone tourmentée, tout en relançant un débat international sur le rôle des puissances régionales dans l’aggravation ou la résolution de ce conflit complexe.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
