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Mambasa : Tensions autour de la protection militaire des sites miniers

La cohabitation en République Démocratique du Congo des intérêts économiques et des impératifs sécuritaires continue de poser des défis majeurs, à l’image de la situation tendue dans le territoire de Mambasa. La présence de militaires des Forces armées de la RDC (FARDC) et de policiers sur les sites miniers exploités par des entreprises étrangères alimente une vive controverse entre la société civile et les autorités locales.

Dans un contexte marqué par l’exploitation artisanale anarchique et l’insécurité chronique liée aux activités des groupes armés tels que les ADF, la société civile de Mambasa monte au créneau. Elle dénonce ce qu’elle perçoit comme une priorité injustifiée accordée à la protection des intérêts miniers étrangers, notamment chinois, par rapport à celle des populations locales vulnérables. Jospin Mbowa, coordonnateur de la société civile, décrit une situation préoccupante : « Les militaires protègent les barrières des sites miniers où au moins trois ou quatre soldats sont postés à chaque point. Pendant ce temps, des agriculteurs congolais subissent quotidiennement des attaques dans leurs champs. Les soldats devraient quitter ces sites pour se consacrer à la traque des ADF », martèle-t-il avec insistance.

Les sites concernés incluent MRM 1, 2, 3 Talisa, Talawe et d’autres territoires exploités par Kimia Mining, répartis dans les chefferies de Bombo et Bandaka. Ces zones riches en ressources minières attisent la convoitise, non seulement des opérateurs économiques, mais aussi des groupes armés. Les autorités locales, de leur côté, se défendent en affirmant que cette présence militaire est essentielle pour empêcher les groupes Mai-Mai et ADF de prendre possession des gisements stratégiques. L’administrateur territorial résume ainsi cette approche sécuritaire : « Si l’armée quittait ces sites miniers, les rebelles les occuperaient immédiatement. Dans le même temps, d’autres unités de l’armée poursuivent activement les groupes armés dans les profondeurs des forêts. »

Cette dichotomie entre la protection des ressources économiques et celle des vies humaines ne semble pas trouver de solution immédiate. Cependant, la société civile n’entend pas rester silencieuse. Elle réclame une réforme en profondeur du secteur minier afin d’en améliorer la transparence et d’assurer la traçabilité des minerais. Selon elle, une formalisation des activités minières artisanales permettrait également de minimiser les tensions et de mieux répartir les forces de sécurité entre les priorités civiles et économiques.

Pendant ce temps, les violences ne faiblissent pas dans plusieurs agglomérations de la chefferie de Babbila Babombi et dans d’autres localités frontalières avec le territoire de Beni. Les attaques sont fréquentes, ciblant notamment les agriculteurs et leurs champs de cacao, qui deviennent des proies faciles pour les voleurs et les groupes armés.

Le dilemme sécuritaire au cœur de cette situation soulève des questions fondamentales : comment équilibrer la protection des ressources naturelles stratégiques tout en assurant la sécurité des populations locales ? Quelles réformes pourraient transformer ce secteur minier en une force pour le développement local plutôt qu’une autre source de conflit ? Une chose est certaine : tant que ces défis ne seront pas pris à bras-le-corps, les tensions persisteront dans cette région, exacerbées par des antagonismes qui fragilisent l’État de droit.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net

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