La cité d’Aba, nichée dans le territoire de Faradje, au nord-est de la République Démocratique du Congo, est le théâtre de vives tensions communautaires depuis plusieurs semaines. À la source de ce climat délétère, un conflit de pouvoir coutumier dans la chefferie de Kakwa Ima, un différend qui dure depuis près d’une année. Deux leaders locaux, Baudouin Kwadje et Nyelemabe Lokudu, se disputent le trône, plongeant la région dans une division qui affecte profondément son tissu social.
Tout a commencé en 2024, lorsque Baudouin Kwadje, alors chef légitime, s’est exilé pendant trois ans sous l’administration du gouverneur Baseane Nangaa. Durant son absence, Nyelemabe Lokudu, membre de sa famille, a assumé la direction par intérim. Cependant, le retour de Kwadje a ravivé les tensions, Lokudu refusant de rendre un trône qu’il occupait en son absence. Ce bras de fer divise les communautés locales et menace de s’étendre bien au-delà des cercles coutumiers.
Les répercussions de cette crise ne sont pas anecdotiques. Des membres de la société civile et des journalistes locaux deviennent des cibles dans ce conflit. Intimidations, attaques et menaces de mort font désormais partie du quotidien pour ces acteurs engagés dans la médiation ou la simple observation des faits. La situation a connu un point culminant la semaine dernière, le 13 mars, lorsque des inconnus, apparemment liés à l’une des parties, ont incendié le pont Lenvo, une infrastructure cruciale jetée sur la rivière éponyme. Ce geste désespéré visait à empêcher une mission de médiation envoyée par le gouvernement provincial pour résoudre le conflit.
Cette dégradation alarmante suscite de vives réactions parmi les observateurs locaux et nationaux. La cité d’Aba, située dans une zone frontalière avec le Soudan du Sud, occupe une position stratégique. Toute instabilité dans cette région a des implications sécuritaires majeures pour le Haut-Uele et les provinces environnantes. Les acteurs sociopolitiques appellent désormais à l’apaisement, insistant sur la nécessité d’un véritable dialogue pour éviter une escalade incontrôlable.
Le conflit d’Aba met une fois de plus en lumière les défis récurrents qui secouent les chefferies traditionnelles en RDC, où les luttes de pouvoir coutumier exacerbent souvent des tensions locales. Une mobilisation rapide et efficace des autorités, accompagnée d’une médiation impartiale, est désormais essentielle pour ramener la paix et protéger les civils des répercussions d’une crise qui s’intensifie avec le temps.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
