Le président de la République, Félix Tshisekedi, a récemment annoncé une mesure importante visant à améliorer les conditions des militaires congolais en première ligne. La solde des soldats déployés au front a été rehaussée à 500 USD par mois, en nette progression par rapport aux 100 dollars alloués auparavant. Cette décision, expliquée dans une interview accordée au journal Le Figaro, s’inscrit dans la volonté affichée par le chef de l’État de réorganiser et de renforcer une armée qu’il qualifie lui-même d’hétéroclite. “C’est un fourre-tout qu’il faut maintenant transformer en un seul corps, avec un seul état d’esprit,” a-t-il déclaré.
Cette augmentation salariale intervient dans un contexte marqué par des dépenses sécuritaires et humanitaires en forte hausse, dues aux défis persistants dans certaines régions du pays, notamment dans l’Est. Entre 2021 et 2023, ces dépenses ont bondi de 3 % à 22 % du budget national, témoignant de l’importance stratégique accordée à la sécurité intérieure. De surcroît, le programme quinquennal du gouvernement, dévoilé en 2024, prévoit d’engager plus de 18 milliards de dollars pour la défense et la sécurité, soit 20 % du budget national global. Cet effort budgétaire sans précédent souligne clairement la volonté des autorités congolaises de faire face aux multiples menaces qui fragilisent le territoire national.
La montée en puissance des dépenses dans le secteur de la défense coïncide également avec des tensions croissantes dans l’Est du pays, en proie à l’insécurité. Le mouvement rebelle M23, accusé par Kinshasa de bénéficier du soutien du Rwanda, reste une épine dans le pied des autorités. Cette nouvelle solde vise ainsi non seulement à motiver les soldats, mais aussi à rétablir une dissuasion efficace face aux groupes armés et aux milices qui sévissent.
Dans le cadre de cet effort de réforme, la Commission économique et financière de l’Assemblée nationale a récemment intensifié ses travaux, notamment avec l’audition de figures clés du gouvernement. Parmi elles, le vice-premier ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité, le ministre du Budget et la gouverneure de la Banque centrale ont été convoqués pour rendre des comptes sur l’utilisation des fonds alloués. Ces démarches traduisent une volonté d’instaurer une gestion plus transparente et rentable des moyens dépensés dans ce domaine sensible.
Ce tournant marqué dans la politique de défense congolaise montre que Kinshasa est prêt à investir les ressources nécessaires pour sécuriser son territoire. Mais cette transition vers une armée efficace et disciplinée sera-t-elle suffisante pour répondre aux aspirations de paix durable que nourrit la population ? L’avenir le dira.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd