Depuis son emprise sur Goma et Bukavu, le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, est impliqué dans une série alarmante de violations des droits de l’homme dans l’Est de la RDC. Ces graves abus ont été mis en lumière par le Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH), dont le dernier rapport révèle une situation préoccupante.
Selon ce rapport couvrant le mois de janvier 2025, le M23 est responsable de 69 % des violations graves touchant les enfants dans les zones de conflit, surpassant largement les autres groupes armés tels que Nyatura (12 %) et Maï-Maï Mazembe (7 %). Parmi les infractions documentées, le recrutement forcé et l’utilisation d’enfants comme combattants sont les plus fréquents (40 %), suivis par les enlèvements (37 %), les meurtres et mutilations (17 %), les violences sexuelles (4 %) et les attaques contre des infrastructures scolaires et sanitaires (2 %). Une large majorité de ces violations (85 %) a été enregistrée dans le Nord-Kivu, tandis que 15 % proviennent de la province d’Ituri.
La tendance à la baisse des violations observée en janvier 2025, marquant une diminution de 6 % par rapport à décembre 2024, reste préoccupante. Le M23, pourtant sous pression internationale, persiste à installer un climat de terreur parmi les communautés locales. Ces actes, souvent perpétrés sous prétexte de lutte contre l’armée congolaise ou les milices locales, témoignent d’une situation hors de contrôle dans cette région stratégique du pays.
Outre les exactions du M23, le rapport met en exergue les atteintes aux droits de l’homme documentées dans d’autres provinces comme le Haut-Katanga. Là, les violations, bien que moindres en nombre, impliquent aussi bien des civils armés que des agents de l’État. Il est noté une réduction significative du nombre d’incidents par rapport au mois précédent, passant de 14 à quatre cas impliquant des victimes, y compris des femmes.
Par ailleurs, les mesures de protection individuelle prises par le BCNUDH ont bénéficié à 24 personnes en janvier 2025, dont 18 défenseurs des droits humains et six journalistes. Ces efforts, touchant des individus issus de provinces comme l’Ituri, le Haut-Uélé, le Haut-Katanga et le Kasaï-Central, visent à contrer les représailles brutales et à protéger les voix indépendantes dans ces zones de conflit.
Le M23 ne se limite pas aux abus documentés par le BCNUDH. Début mars 2025, le groupe rebelle a été pointé du doigt par le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme pour des enlèvements de patients dans des hôpitaux à Goma. Environ 130 personnes malades ou blessées auraient été kidnappées sous prétexte d’appartenir aux forces armées congolaises. Amnesty International a également dénoncé l’atmosphère de peur instaurée dans les villes sous contrôle du M23, alertant la communauté internationale de la gravité des crimes perpétrés.
À l’heure où les appels au dialogue et à la cessation des hostilités se multiplient, la situation dans l’Est de la RDC rappelle cruellement l’urgence d’une intervention globale. Combien de temps encore la communauté internationale restera-t-elle spectatrice face à cette spirale de violences insoutenables, affectant les populations les plus vulnérables ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd