La tension monte dans le territoire de Djugu en Ituri, où l’intervention des militaires ougandais a semé le trouble et l’inquiétude dans la population. Depuis le mardi 18 mars, la situation sécuritaire à Fataki-centre et dans ses environs reste préoccupante. Tout a commencé tôt le matin lorsque des soldats appartenant à l’armée ougandaise (UPDF), en provenance de Mahagi, ont traversé la barrière de Fataki-centre, un fait qualifié de passage “forcé” par des sources locales.
Cette intrusion a provoqué un échange de tirs entre les militaires ougandais et des miliciens de la CODECO, bien que cette information n’ait pas été officiellement confirmée par les autorités locales. Le colonel Ruphin Mapela, administrateur du territoire de Djugu, a démenti toute confrontation, expliquant que cette présence s’inscrit dans le cadre d’une mutualisation des forces entre les FARDC (Forces armées de la RDC) et l’UPDF pour combattre les groupes armés, notamment les ADF, actifs dans la région.
Cependant, ces déclarations n’ont pas suffi à calmer les inquiétudes. Dès 4 heures du matin, l’entrée des militaires ougandais dans la localité commerciale de Fataki, à environ 80 kilomètres de Bunia, a déclenché une série d’événements marqués par une montée de tension. Certaines sources attribuent à la CODECO des tirs exprimant leur opposition à cette présence étrangère. La panique qui s’est ensuivie a provoqué un mouvement massif de populations, notamment vers Djaiba, Bule, Gbakalu et Djugu-centre.
Le trafic sur la route nationale numéro 27 (RN 27), un axe vital pour la région, a été temporairement interrompu. Ce blocage a aggravé les difficultés pour les habitants déjà en fuite, cherchant refuge dans des zones qu’ils espèrent plus sûres. Les enjeux humains et sociaux sont donc majeurs, avec des familles entières coupées de leurs moyens de subsistance et un accès limité aux services de base.
Depuis près d’un mois, l’armée ougandaise a intensifié sa présence dans divers territoires d’Ituri. Selon les autorités provinciales, ce renforcement militaire vise à réduire l’activisme des groupes armés qui sévissent dans la région. Mais pour la population locale, les incursions de forces étrangères suscitent autant de crainte que d’espoir. À qui peut-on se fier lorsque la sécurité devient un enjeu aussi disputé?
La situation reste complexe, et des questions cruciales demeurent sans réponse : la mutualisation des forces est-elle la clé pour ramener la stabilité en Ituri, ou risque-t-elle d’ajouter de nouveaux éléments de tension dans un environnement déjà volatile? Ces interrogations reflètent l’incertitude qui plane sur cette région minée par des années de conflits armés et d’expériences traumatisantes pour ses habitants.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net