Lors de la rentrée parlementaire, une voix forte s’est élevée au sein de l’Assemblée nationale pour dénoncer une pratique perçue comme une atteinte à la Constitution et au principe cardinal de la séparation des pouvoirs. Paul-Gaspard Ngondankoy, professeur de droit constitutionnel et député, n’a pas hésité à fustiger ce qu’il qualifie d’ingérence des membres du Gouvernement dans le domaine réservé du pouvoir judiciaire.
En pointant directement le ministre de la Justice, Constant Mutamba, ainsi que d’autres membres de l’exécutif, il attire l’attention sur une tendance troublante : leur présence répétée lors des audiences de certains procès. Le 2ème vice-président de la Commission politique, administrative et juridique (PAJ) de l’Assemblée nationale estime que ces actions minent l’indépendance et l’impartialité des juges censés agir librement dans l’exercice de leurs fonctions.
Ngondankoy a mis en garde contre les implications graves que ces interférences pourraient engendrer pour la démocratie congolaise. Dans ses propos, il rappelle fermement que la Constitution de la République démocratique du Congo consacre clairement le principe de la séparation des pouvoirs, une pierre angulaire indispensable pour une gouvernance équilibrée et respectueuse des droits des citoyens. « La présence des ministres aux procès viole le principe de l’indépendance du pouvoir judiciaire et jette un doute légitime sur l’impartialité des juges », a-t-il martelé.
Le député appelle donc au respect strict des textes en vigueur, plaidant pour le retrait des acteurs politiques des salles d’audience afin de préserver l’intégrité du système judiciaire congolais. Ses déclarations interviennent dans un contexte où la confiance du public envers les institutions judiciaires reste fragile, amplifiant ainsi la portée de son message.
Cette déclaration n’est pas anodine, car elle intervient à un moment critique pour la RDC, où les défis liés à l’État de droit et à la justice sont cruciaux pour consolider les avancées démocratiques. La question qui se pose désormais est simple : le Gouvernement pourra-t-il ajuster ses pratiques pour s’aligner sur les principes fondamentaux de la Constitution ? Si la démocratie doit s’épanouir en RDC, la séparation des pouvoirs ne saurait être un vœu pieux mais une réalité vécue et respectée.
Dans l’attente de réactions du ministère de la Justice et d’autres acteurs politiques concernés, cette interpellation publique de Paul-Gaspard Ngondankoy pourrait bien marquer le début d’un débat passionné et nécessaire sur l’état du système judiciaire et ses relations avec le monde politique dans le pays.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net