L’hôpital général de référence de Fataki, implanté au cœur du territoire de Djugu dans la province de l’Ituri, a fermé ses portes le vendredi 14 mars, marquant un tournant dévastateur pour cette région déjà en proie à des violences répétées. La milice CODECO, tristement célèbre dans cette région, est à l’origine de cette situation critique, forçant à la fois le personnel médical et les patients à fuir vers des zones jugées plus sûres. Une lueur d’espoir s’éteint ainsi pour des milliers d’habitants qui dépendaient de cette structure pour des soins médicaux essentiels.
Le président de la société civile locale, Jules Tsuba, résume la gravité de la situation : “La fermeture de l’hôpital met un terme brutal à l’accès aux soins pour une population déjà vulnérable.” Selon ses dires, les centres de santé environnants, tels que ceux de Bule, Iga, Lopa, et Mahagi, peinent désormais à absorber le flux massif des patients transférés. Face à ce débordement, les conséquences humaines s’amplifient : des cas urgents restent en suspens faute de prise en charge, et des femmes enceintes sont contraintes d’accoucher à domicile, souvent dans des conditions périlleuses.
Mais comment en est-on arrivé là ? En une semaine seulement, les infrastructures essentielles de Fataki ont été visées à quatre reprises, illustrant une violence irraisonnée. Églises, maisons d’accueil pour soignants, et même l’hôpital ont été pris pour cibles. Le tournant survient le mardi 11 mars, lorsque des miliciens CODECO se sont introduits au domicile d’un médecin, laissant derrière eux une scène de dévastation : pillage, incendie de huit maisons, et des cendres témoignent d’une sauvagerie rampante. Ces actes ont suffi pour que le personnel hospitalier abandonne son poste, mettant en relief l’impossibilité d’exercer dans un contexte si précaire.
Cette tragédie dépasse de loin une simple crise médicale. Elle reflète sept années d’instabilité où les exactions des groupes armés ont progressivement siphonné toute forme d’autorité étatique dans la région. Les déplacés des sites de Djaiba et Lodha, désormais sans secours immédiat, appellent désespérément à une solution rapide. La société civile exhorte le gouvernement à agir, mais cette exigence tombée dans un écho déjà long de promesses non tenues, trouvera-t-elle enfin une réponse concrète ?
Dans ce maelström de violences et d’abandons, l’urgence sanitaire vient s’ajouter au drame humain. En cette province de l’Ituri, surnommée longtemps le grenier agricole, se cache désormais une terre de détresse où l’espoir semble suspendu aux choix des responsables politiques. Combien de temps les populations devront-elles attendre avant de voir l’autorité de l’État restaurée et les structures de santé renouées avec leur mission cruciale ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net