Le rôle du Rwanda dans les activités du groupe armé AFC/M23 vient d’être mis en lumière par un rapport récemment publié par Human Rights Watch (HRW), soulevant des interrogations sur l’implication du régime de Kigali dans le conflit qui déstabilise la région. Ce document accuse le Rwanda non seulement d’un appui militaire actif envers les rebelles, mais aussi d’une régulation stricte des activités médiatiques dans les zones sous contrôle de l’AFC/M23.
Selon les informations mises en avant par HRW, Lawrence Kanyuka, porte-parole de l’AFC/M23, agit comme un relais des autorités rwandaises sur des questions de couverture médiatique. Les journalistes désirant accéder à Goma et autres zones sous occupation rebelle doivent obligatoirement présenter une accréditation de presse délivrée par le Rwanda ou parfois par l’Ouganda. Cette démarche, selon le rapport, servirait les intérêts du Rwanda en renforçant son autorité et en filtrant soigneusement les récits de la situation sur le terrain.
Un autre aspect souligné par HRW concerne le coût élevé de ces accréditations. Les montants exigés oscillent entre 500 et 1000 USD, des sommes significatives pour les professionnels des médias internationaux. Ces frais comprennent également un formulaire détaillé exigeant des informations précises sur les sujets à traiter, renforçant ainsi le contrôle des autorités rwandaises.
Le rapport de HRW met également en avant des preuves tangibles de la participation de hauts responsables rwandais dans le processus de régulation des journalistes. Vincent Karega, l’ancien ambassadeur itinérant du Rwanda dans la région des Grands Lacs, aurait joué un rôle clé dans l’organisation des passages frontaliers pour les journalistes. En collaboration avec le service du porte-parole du gouvernement rwandais, cet encadrement strict traduit une volonté coordonnée de maîtriser les narratifs médiatiques en provenance des zones rebelles.
Une donnée inquiétante mise en évidence par le rapport est la proximité géographique entre la RDC et le Rwanda, qui favorise le contrôle quasi total de Kigali sur les flux humains et médiatiques à destination de Goma. Avec l’aéroport de Goma fermé, les déplacements se font exclusivement par le Rwanda, consolidant davantage sa position dominante.
Pour le gouvernement de Kinshasa, cette situation illustre une ingérence manifeste du Rwanda dans les affaires internes de la RDC, bien que les autorités congolaises restent prudentes dans leurs déclarations en ce qui concerne l’Ouganda. La communauté internationale, quant à elle, pourrait prendre ces révélations comme un appel à examiner de plus près les activités du Rwanda dans cette région volatile.
Si les accusations portées par HRW se confirment davantage, elles risquent d’aggraver les tensions entre la RDC et le Rwanda, tout en soulevant des questions pressantes sur la manipulation de l’information dans des contextes de conflit armé. Par ailleurs, ces révélations plaident pour une action accrue des organisations internationales afin de garantir une information indépendante et transparente.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd