La situation dans le territoire de Rutshuru, en République démocratique du Congo (RDC), est en passe de devenir un véritable casse-tête humanitaire et social. Le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) a tiré la sonnette d’alarme au sujet des tensions communautaires croissantes dans cette région, exacerbées par la cohabitation fragile entre déplacés internes et retournés.
Depuis le 6 février 2025, environ 1 879 ménages qui avaient quitté les sites de proximité de Goma ont rejoint l’aire de santé de Kabizo. Ces familles se sont éparpillées dans des villages tels que Kabizo Musienene, Katovu, Kabizo Marché, Bundase, Ruza et Rushashi. Les défis ne manquent pas : beaucoup de ces ménages retournés ont découvert, à leur retour, que leurs habitations avaient été détruites ou occupées par d’autres déplacés. Ces constats, combinés à une situation humanitaire, sécuritaire et sanitaire toujours précaire, risquent de provoquer de graves dissensions au sein des communautés locales.
Dans le même temps, environ 1 857 ménages déplacés, installés dans la même zone depuis août 2024, continuent d’y résider, principalement grâce au soutien des familles d’accueil. Ce chevauchement des populations de déplacés et de retournés pose un défi logistique et humain majeur. OCHA met en garde contre les risques d’affrontements causés par la compétition pour des ressources limitées ou par des revendications contradictoires sur les terres et les infrastructures.
Le contexte de l’Est de la RDC est déjà marqué par une longue histoire de conflits armés et de déplacements massifs. Ces réinstallations, bien que nécessaires, réveillent les cicatrices d’un tissu social fragile. Les récentes données publiées par OCHA et ses partenaires, couvrant la période du 23 février au 6 mars 2025, montrent l’urgence d’une intervention coordonnée. Plus que jamais, plaider pour une action humanitaire rapide et fondée sur des principes devient essentiel.
Pour compliquer encore la situation, les réfugiés de retour dans le Nyiragongo font face à des réalités similaires. Près de 90 % de ces déplacés sont rentrés, mais près de la moitié ont retrouvé leurs terres ou habitations accaparées par d’autres personnes. Ce phénomène met en lumière une problématique plus large affectant la reprise socio-économique.
La complexité de la situation à Kabizo comme dans d’autres localités de Rutshuru requiert une mobilisation accrue de la communauté internationale. Au-delà de la simple réponse humanitaire, la création de conditions durables pour la coexistence pacifique des populations déplacées et retournées doit être priorisée. Il s’agit non seulement de fournir des biens de première nécessité, mais aussi de reconstruire des structures communautaires pour éviter de futurs conflits.
Face à ces défis, les appels d’OCHA résonnent comme un cri d’urgence. La consolidation d’une paix durable dans l’Est de la RDC passe par une révision complète des approches humanitaires, incluant des solutions innovantes et inclusives. La question reste : la communauté internationale sera-t-elle à la hauteur de ce défi ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
