La région de Lubero, dans le Nord-Kivu, continue de payer un lourd tribut face aux violences récurrentes et à une crise humanitaire en spirale. Alors que l’accalmie observée depuis le 24 février aurait pu donner un espoir aux populations locales, la réalité demeure sombre : des centaines de milliers d’enfants, traumatisés et déracinés, restent privés de leur droit à l’éducation.
Selon le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA), près de 50 000 enfants ont vu leur scolarité brutalement interrompue dans ce territoire en raison de l’insécurité grandissante et des affrontements armés. Les écoles, jadis des havres d’apprentissage, sont aujourd’hui fermées pour beaucoup, transformant ces lieux d’espoir en symboles de désolation. Une grave crise sanitaire et alimentaire vient aggraver ce tableau déjà sombre, accentuant la vulnérabilité des familles déplacées.
Les affrontements du 18 février entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont été le point culminant de cette dernière vague de violences. Plus de 100 000 personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers, cherchant refuge le long des axes Alimbongo-Kitsombiro, Alimbongo-Kipese et Bingi-Kasugho. De nombreux déplacés ont trouvé asile dans des localités telles que Masereka, Kyondo, Musienene ou encore la ville de Butembo. Mais pour ces familles déracinées, les défis restent immenses.
L’OCHA souligne que l’axe Katondi-Kipese, en particulier, demeure un théâtre d’hostilités intenses, contraignant les organisations humanitaires à retirer leur personnel pour des raisons de sécurité. Par conséquent, plus de 22 000 habitants n’ont plus d’accès aux soins de santé, une situation exacerbé par l’explosion d’une bombe qui a détruit un bâtiment administratif et un centre de santé à Alimbongo fin février. Ces infrastructures médicales cruciales, désormais inutilisables, laissent les populations dans une détresse sanitaire inouïe.
Les pilleurs n’ont pas non plus épargné les populations civiles. Musienene et Kimbulu ont été le théâtre de vols et de violences, brisant davantage le tissu social déjà fragilisé par des années de conflit. L’approvisionnement alimentaire est également affecté, avec des zones clés comme Kipese et Lubango devenues des champs de bataille, rendant la situation nutritionnelle critique pour des milliers de familles entassées dans des conditions précaires.
Dans son dernier rapport couvrant la période du 23 février au 6 mars 2025, l’OCHA tire la sonnette d’alarme. L’organisme insiste sur la nécessité d’une réponse humanitaire rapide et efficace pour sauver des vies. Par la même occasion, il appelle à une coordination accrue entre les partenaires humanitaires et les autorités locales pour restaurer un semblant de normalité dans cette région dévastée.
Si les initiatives internationales en faveur de la paix et de la sécurité continuent de rythmer le discours diplomatique, la population de Lubero attend des actes concrets. Combien de temps encore les enfants devront-ils patienter avant de reprendre le chemin de l’école ? Combien de familles devront-elles choisir entre survivre sous une tente de fortune ou risquer leur vie pour retourner dans leurs villages natals ?
La question de la paix et de la sécurité dans l’est de la RDC reste l’un des défis majeurs du pays et de ses partenaires internationaux. Aujourd’hui, chacun doit assumer sa responsabilité pour sortir les populations locales de cette spirale de souffrance et d’abandon.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd