Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont récemment réalisé une importante interception dans la lutte contre les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe islamiste particulièrement actif dans la région de Beni. Dimanche 9 mars dernier, deux jeunes individus originaires de Tanzanie ont été appréhendés sur la route Beni-Biakato alors qu’ils se dirigeaient vers leur intégration au sein de ce mouvement armé. Ces hommes, âgés d’une vingtaine d’années et issus des régions d’Arusha et de Zanzibar, étaient accompagnés d’un complice congolais, nommé Mumbere Aristote, un motocycliste de profession.
Selon le colonel Mak Hazukay, porte-parole de l’armée, Mumbere Aristote aurait accepté de transporter les recrues tanzaniennes contre une rémunération de 400 mille francs congolais vers le chef des ADF, Musa Baluku, basé à Biakato dans le territoire de Mambasa. Ce motocycliste en était semble-t-il à sa deuxième mission pour les ADF, révélant ainsi une stratégie bien rodée de recrutement et de transport des recrues pour renforcer les rangs de ce groupe armé.
Depuis le début de l’année 2025, les ADF, recrutant activement dans différents pays de la région des Grands Lacs, redoublent d’efforts pour intensifier leurs violences dans les territoires de Beni, Lubero et Irumu. La situation s’est complexifiée par la réaffectation d’unités de l’armée congolaise vers la région du Petit Nord pour répondre à la guerre contre le M23, laissant ainsi une marge de manœuvre plus large à ces assaillants dans d’autres zones. Cette nouvelle flambée d’attaques soulève des inquiétudes parmi les populations locales et met davantage en lumière les défis complexes auxquels le pays doit faire face.
Face à cette montée de la menace, les FARDC assurent que des efforts de “recyclage et de reconstitution des unités” sont en cours pour contrecarrer ces islamistes. Depuis novembre 2021, l’opération conjointe “Shujaa”, menée par les armées congolaise et ougandaise, s’efforce de neutraliser les ADF dans les territoires de Beni et d’Irumu, mais force est de constater que les violences ne faiblissent pas. La persistance des agressions démontre la résilience du groupe armé, rappelant la nécessité d’évaluations stratégiques et d’un soutien accru aux populations locales, victimes collatérales des luttes armées.
Ce nouvel épisode marque une étape supplémentaire dans la guerre menée contre les ADF, soulignant la complexité des enjeux sécuritaires dans cette région de la République Démocratique du Congo. Si la capture de ces recrues est une victoire tactique, la route vers une paix durable semble encore longue et semée d’embûches.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd