Vingt-deux détenus se sont évadés de la prison centrale d’Inongo, située dans la province de Maï-Ndombe, le dimanche 9 mars dernier, plongeant les autorités locales dans une situation critique. Ce drame, survenu en plein jour, souligne les graves carences du système carcéral congolais. Selon les déclarations du directeur de la prison d’Inongo, Joseph Lilenge, cette évasion, survenue à 10 heures, trouve son origine dans l’absence d’un garde à son poste. En effet, le policier chargé de surveiller les lieux a quitté ses fonctions sans préavis, facilitant ainsi la fuite des détenus. Sur les vingt-deux individus ayant pris la clé des champs, seuls trois ont été rattrapés. Les 19 autres se sont évaporés dans la nature, laissant les autorités dans l’urgence de les retrouver.
Mais cette évasion n’est pas seulement due à une erreur humaine. Joseph Lilenge pointe également une autre cause majeure : la vétusté de l’établissement. Construite en 1928, la prison est au bord de l’effondrement. Les murs fissurés et fragilisés, les fenêtres rafistolées en bois, et une toiture à moitié emportée traduisent une situation catastrophique.
« Vous entendez le nom de la prison, mais ce n’est plus une prison. Elle est toute détruite. Les murs, les portes, les toitures, tout est vétuste. C’est pourquoi les gens ne peuvent pas rester à l’intérieur, car ils finissent par fuir. C’est pourquoi il faut toujours qu’il y ait une garde », a-t-il déploré.
Dimanche, un seul policier était de garde dans cet établissement en ruine qui n’abrite actuellement que 23 détenus. Ce manque de moyens, combiné à une gestion défaillante, compromet gravement la sécurité. L’infirmerie est devenue un dépôt de briques, un de ses murs s’étant effondré, tandis que la salle d’audience est inexploitable depuis longtemps, envahie par la végétation et dépourvue de toiture. Le directeur adjoint, quant à lui, voit son bureau transformé en local de stockage des vivres, avec des sacs de manioc et des bidons d’huile de palme empilés.
L’évasion des détenus vient rappeler une réalité accablante : la prison centrale d’Inongo ne remplit plus sa fonction, ni en termes de sécurité ni en termes de dignité humaine. Cet incident met ainsi en lumière l’urgence de réformer et d’investir dans le système carcéral de la République démocratique du Congo. Jusqu’à quand faudra-t-il attendre pour que des mesures concrètes soient prises pour éviter d’autres drames ? Une véritable réflexion, assortie d’un plan d’action, s’impose pour mettre fin à l’abandon des infrastructures pénitentiaires en RDC, en particulier dans des zones marginalisées comme Maï-Ndombe.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd