Goma traverse une nouvelle fois une série d’événements violents qui plongent ses habitants dans l’angoisse et l’incertitude. Entre les 8 et 9 mars, trois incidents dramatiques ont coûté la vie à trois personnes, illustrant l’insécurité grandissante dans cette région marquée par l’occupation de rebelles du M23.
Le premier incident s’est déroulé dans le quartier Katindo, au cœur de la commune de Goma. Des témoins rapportent qu’un groupe de jeunes jouaient aux cartes à l’ombre de quelques paillotes lorsqu’un groupe de soldats du M23 a surgi. L’un des jeunes, tentant de s’échapper, a malheureusement trouvé la mort après avoir été abattu d’une balle dans la tête par un militaire. Cet acte, qui a choqué les habitants, soulève une fois de plus la question de l’impunité et de l’arbitraire dans une ville où les civils paient un lourd tribut à la violence.
Quelques heures plus tard, au quartier de Majengo, un autre drame prenait forme. Jackson Kilimandjaro Mutondwe, fils de l’ex-député provincial Nzanzu Kenda Kenda Valérien, a été assassiné à son domicile. À 1 heure du matin, des assaillants armés se sont introduits chez lui, exigeant une rançon qu’il n’aurait su leur refuser. Malgré leur demande satisfaite, ils ont froidement abattu Kilimandjaro devant sa famille. Les voisins, troublés, pointent du doigt une recrudescence des bandes criminelles et une absence de réponses efficaces des autorités.
Au petit matin, c’est dans le quartier Mabanga Sud qu’un corps sans vie a été découvert dans des conditions effroyables. Abandonné dans une ruelle, pieds liés et résolument marqué par des blessures, le cadavre n’a pu être identifié. Les autorités locales peinent encore à établir les circonstances précises du meurtre tandis qu’un cadre communautaire implore les jeunes et les habitants de s’unir avec les services de sécurité pour endiguer ces crimes odieux.
Ces tragédies s’inscrivent dans un contexte déjà plombé par des cambriolages en série, notamment dans les quartiers Kyeshero et Himbi, où des voleurs armés sèment également la terreur. La prise d’armes par un citoyen qui a résisté à une attaque à Himbi marque toutefois un rare signe de défi sur fond de résignation collective.
La série noire que traverse Goma reflète une situation qui se généralise dans le Nord-Kivu. Selon des données alarmantes, un mois seulement avant ces événements, pas moins de 53 personnes avaient péri dans des violences similaires. Une insécurité ascendante qui met en lumière le désarroi de la population et l’impuissance apparente des autorités.
Alors que la terreur s’installe dans le quotidien, les voix s’élèvent. « On ne sait plus à qui faire confiance. Les autorités ne font rien, et chaque jour, nous perdons des gens. Qui sera le prochain ? » s’interroge fatalement une habitante, résumant l’état d’esprit d’une population prise au piège d’une violence devenue omniprésente.
Face à ces constats accablants, une question cruciale demeure : à quel moment les autorités et la communauté internationale prendront-elles des mesures décisives pour restaurer la paix et la sécurité, dans une ville au cœur de l’actualité troublée de la RDC ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
