Le Nord-Kivu, province assiégée et théâtre d’importants troubles sécuritaires en République démocratique du Congo, accueille un nouveau commissaire provincial de la Police nationale congolaise (PNC). Vendredi 7 mars, la Radiotélévision Nationale Congolaise (RTNC) a annoncé la nomination du Commissaire divisionnaire adjoint Dieudonné Makambo Ngiba à ce poste stratégique. Ce dernier succède à l’adjoint Eddy Léonard Mukuna Ntumba, dans un contexte marqué par des tensions accrues, notamment en raison de l’état de siège instauré pour contrer l’avancée de la rébellion du M23.
Conformément aux directives adoptées récemment, Dieudonné Makambo Ngiba prendra ses fonctions depuis Beni, nouveau quartier général de la PNC, érigé pour gérer les opérations dans une province où l’insécurité reste une problématique majeure. Cette réorganisation intervient alors que la ville de Goma, jadis fleuron économique du Nord-Kivu, demeure partiellement sous le contrôle des forces rebelles du M23, soutenues par l’armée rwandaise, selon des accusations récurrentes formulées par Kinshasa.
Aux côtés du général-major Evariste Kakule Somo, gouverneur militaire du Nord-Kivu, le nouveau commissaire entend assurer un leadership efficace pour restaurer la paix et l’autorité de l’État dans cette région en proie à des conflits armés. Une première déclaration du général Somo, lors de la cérémonie d’installation du Commissaire Makambo, a confirmé que le chef-lieu de la province resterait temporairement déplacé de Goma à Beni. Ce déplacement stratégique vise à sécuriser davantage l’administration régionale en attendant un redressement militaire.
Cette réorganisation est également associée à des préoccupations croissantes concernant les actions du M23 dans les zones occupées. À Kinshasa, les autorités dénoncent le comportement de la rébellion, qui s’engage à installer ses propres autorités administratives dans les territoires sous son contrôle. Cette installation illégitime, appuyée selon Kinshasa par Kigali, alimente davantage les craintes de balkanisation d’une province déjà fragmentée par les conflits et les déplacements massifs de populations.
La nomination de Dieudonné Makambo et le renforcement de la gouvernance à Beni s’inscrivent dans une série de mesures visant à contenir ces défis sécuritaires. Toutefois, la tâche reste monumentale dans une province où l’instabilité est exacerbée par des intérêts régionaux et le soutien présumé de puissances extérieures comme le Rwanda. La situation actuelle soulève de nombreuses interrogations : le Nord-Kivu pourra-t-il retrouver une paix durable ? Ce redéploiement administratif et policier portera-t-il ses fruits ou aggravera-t-il davantage une instabilité endémique ?
Alors que le Nord-Kivu se débat dans cette crise multidimensionnelle, la RDC entière observe et attend des évolutions décisives. Parviendra-t-on à mettre fin à cette spirale de violence et à rétablir un semblant de normalité pour les populations locales ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
