Face à la persistance de la crise humanitaire et sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), l’Union européenne (UE) a réitéré l’importance d’une solution politique au conflit. Johan Borgstam, représentant spécial de l’UE dans la région des Grands Lacs, a déclaré mercredi 5 mars, au terme de son périple dans la région, que la voie militaire ne saurait être une issue viable.
S’exprimant devant la presse à Kinshasa, Johan Borgstam a été explicite : “Il n’y a pas de solutions militaires à ce conflit. La seule solution possible est une solution politique.” Ces propos trouvent un écho particulier alors que les affrontements entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda selon plusieurs rapports, continuent de faire rage dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. L’intensification des combats et l’implication présumée de milliers de soldats rwandais rendent la situation encore plus alarmante.
Face à cette escalade, Johan Borgstam a mis en avant le rôle clé des organisations sous-régionales, notamment la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC). Il a tenu à souligner que la fusion récente des processus de paix de Luanda (Angola) et de Nairobi (Kenya), actée lors du sommet conjoint à Dar es Salaam en Tanzanie, pourrait constituer une nouvelle impulsion vers la résolution du conflit. Les discussions enregistrées dans ces cadres régionaux doivent néanmoins, selon Borgstam, éviter toute confusion dans leur coordination. “La perspective congolaise semble appuyer un réalignement ou un renforcement des deux processus plutôt qu’une fusion totale”, a-t-il précisé.
Dans cette dynamique, le sommet conjoint SADC-EAC a désigné l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo et l’ancien Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn Boshe comme facilitateurs du processus de paix. Une décision qui intervient dans un contexte où la progression du M23 dans l’Est de la RDC aggrave la situation humanitaire et sécuritaire des populations locales, déjà prises au piège d’un conflit qui s’éternise.
Cependant, des doutes persistent quant à l’efficacité de la fusion de ces deux instruments de médiation. Alors que certains observateurs prônent une synergie stratégique, d’autres pointent la complexité d’un tel processus en raison des sensibilités politiques et des intérêts divergents des parties prenantes. L’UE reste ferme dans son soutien aux “solutions africaines aux problèmes africains”, mais insiste sur l’urgence d’une coordination rigoureuse pour maximiser l’impact des initiatives diplomatiques en cours.
En attendant des progrès sur le front politique, les conséquences sur le terrain sont dramatiques. La prise de villes clés comme Goma et Bukavu par le M23 traduit non seulement une montée en puissance des rebelles, mais aussi une crise humanitaire croissante qui pousse des milliers de civils à fuir leurs foyers. Dans ce contexte troublé, toute avancée politique ne pourra se faire qu’à condition d’un alignement des efforts régionaux et d’un engagement clair des partenaires internationaux, y compris l’UE.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd