Dans un climat de terreur croissant, Bukavu, capitale provinciale du Sud-Kivu, a été le théâtre d’une attaque meurtrière dans la nuit du mercredi 6 au jeudi 7 mars. Les communes d’Ibanda et de Kadutu ont été particulièrement touchées, avec pour bilan tragique deux morts, dont une jeune femme, et plusieurs blessés. Ces événements mettent une fois de plus en lumière l’insécurité qui règne dans cette zone, sous la coupe des rebelles de l’AFC dirigés par Corneille Nangaa et du M23, apparemment soutenus par l’armée rwandaise, selon des sources locales.
Des témoins oculaires rapportent que des hommes armés non identifiés ont pris d’assaut des habitations, semant la panique et laissant derrière eux des scènes de désolation. Les habitants, pris au dépourvu, ont dû faire face à des rafales de coups de feu qui ont déchiré le silence nocturne pendant des heures. Les assaillants, en plus de perpétrer des actes de violence, ont également pillé des biens de valeur, plongeant davantage les victimes dans une profonde détresse.
Ce nouvel épisode d’atrocités survient dans un contexte déjà tendu où les attaques armées et les pillages sont en nette recrudescence. Cela ne fait qu’accentuer le désarroi d’une population déjà éprouvée par des années de conflits et d’instabilité dans la région. L’intervention du pasteur Eugène Bujiriri lors d’un culte le dimanche 2 mars constitue une prise de position courageuse. Responsable de la communauté des Églises libres pentecôtistes en Afrique « Philadelphie », ce dernier a appelé avec insistance les chefs rebelles à mettre un terme aux exactions infligées aux civils. Sa voix, porteuse d’espoir et de résilience, a notamment pointé du doigt les abus, arrestations arbitraires et autres violations des droits humains dont souffrent les habitants de Bukavu.
La présence, lors de ce culte, de Bertrand Bisimwa, chef du M23, et de ses collaborateurs, a rajouté une dimension symbolique forte à cet appel à la paix. Pourtant, la réalité sur le terrain reste cruellement éloignée de l’idéal prêché depuis l’autel. « La ville de Bukavu a été remise aux mains de Dieu depuis 2003 pour dire non aux bruits des armes », a déclaré Eugène Bujiriri, un rappel poignant des aspirations à la paix dans cette région déchirée par la guerre.
Face à cette situation alarmante, la question demeure : quand les autorités locales et internationales répondront-elles de manière décisive aux appels répétés de la population, des leaders religieux et des différentes organisations pour ramener la paix dans ce bastion stratégique de l’est de la RDC ? La ville de Bukavu souffre en silence, alors que les cris de ses habitants se perdent dans le tumulte des conflits armés.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net