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Tribune d’Abbo A Beyeck : Congo-Zaïre et l’urgence d’un sursaut patriotique

La République démocratique du Congo traverse depuis plusieurs décennies une succession de conflits et de crises qui menacent son intégrité territoriale, sa souveraineté et le bien-être de sa population. Dans la tribune que nous publions aujourd’hui, intitulée « Congo-Zaïre : l’urgence d’un sursaut patriotique », l’auteur Abbo A Beyeck lance un appel pressant à l’éveil national et à la mobilisation collective. Son texte propose une lecture critique des forces à l’œuvre dans la région, tout en traçant une voie possible pour la refondation du Congo. En se tournant résolument vers l’avenir, l’auteur invite chaque Congolais et chaque Congolaise – civils comme militaires – à reprendre en main le destin de la nation, dans une démarche qui interpelle aussi l’ensemble des Africains.

Nous vous invitons à découvrir et à réfléchir sur cette tribune, qui aborde sans détour les enjeux cruciaux de la souveraineté, de la gouvernance et du contrôle des ressources, ainsi que la nécessité d’une « décolonisation mentale ». C’est un regard engagé sur le présent et l’avenir du Congo, que Congoquotidien est heureux de partager avec ses lecteurs. Bonne lecture.

Congo-Zaïre : l’urgence d’un sursaut patriotique

Le Peuple Congolais en tant que communauté politique fait face à une menace existentielle. Il est d’une extrême urgence que les patriotes Congolais -civils et membres des FARDC et des Forces de Sécurité- s’organisent et se mobilisent sur trois objectifs clés : 1/ rétablir l’intégrité territoriale de la République et assurer sa sécurité, 2/ reprendre la pleine souveraineté du Peuple Congolais sur ses ressources nationales (du sol et du sous-sol), 3/ construire un mode de gouvernance au service de la prospérité des populations et de l’intérêt national. En vue des ces objectifs, l’implication des jeunes Officiers et Sous-Officiers des FARDC et des Forces de Sécurité est cruciale. Personne d’autre que les Congolais eux-mêmes n’est en situation et n’aura jamais intérêt ni la capacité de combattre pour ces objectifs à leur place. Pour mener ce combat, un pré-requis primordial consiste à bien identifier les forces qui œuvrent à la destruction de la RD Congo.

Les forces qui œuvrent à la destruction du Congo

Il y a d’abord les commanditaires du dépeçage du Congo-Zaïre, une coalition Occidentale mise sur pieds en secret pour décliner en Afrique Centrale la « dissuasion intégrée », doctrine élaborée par Washington dans le but de « contenir » la Chine et la Russie partout dans le monde. La coalition piloté par les États-Unis d’Amérique et mobilisant la Commission de l’Union Européenne réunit le Royaume Uni, Israël et la France. La déclinaison en Afrique Centrale de la stratégie de « dissuasion intégrée » est la continuation de « Support Hope », mission « humanitaire » qui n’a jamais été soumise à l’examen du Conseil de Sécurité de l’ONU. Annoncée le 22 juillet 1994 par le président américain Bill Clinton, la mission « Support Hope », sous le manteau « humanitaire », était en réalité la deuxième phase du projet de prise de contrôle du Zaïre par les impérialistes anglo-saxons conduits par les États-Unis. La première phase du projet avait été lancé en juillet 1990 quand des officiers du FPR ((dont Paul Kagamé, alors chef du renseignement militaire de l’armée ugandaise (NRA)) rejoignirent Fort Leavenworth (un centre de formation de l’armée américaine) pour élargir leurs compétences en matières de guerre révolutionnaire. Elle se poursuivit avec le départ du FPR de la NRA (dont il faisait partie) à la conquête du pouvoir au Rwanda. La victoire militaire du FPR à Kigali marqua la réalisation de la première phase et le début de la deuxième. L’Uganda s’affirma en tant que base arrière de l’invasion de l’est du Congo-Zaïre par le FPR et base avancée de l’armée américaine, le Kenya jouant le rôle de base logistique. Fer de lance du projet anglo-saxon, l’Uganda et le Rwanda engagèrent une guerre de conquête du Congo-Zaïre masquée par la chasse aux « génocidaires » en fuite réfugiés dans l’est du Zaïre. Dernier soutien irréductible du régime Mobutu, la France a finira par s’aligner derrière les anglo-saxons. La déclinaison de la stratégie de « dissuasion intégrée » en Afrique Centrale se traduit par la volonté de la coalition décrite plus haut de prendre le contrôle direct des ressources -minerais des métaux critiques et des métaux rares, en particulier- et chasser la Chine et la Russie du continent africain. La RD Congo est le cœur de cible de cette stratégie. Dans ce cadre, les Forces armées rwandaises ont d’ores et déjà pris pied sur le flanc nord de la RDC, en République Centrafricaine (RCA). L’offensive actuelle du Rwanda qui occupe désormais le Nord-Kivu et le Sud-Kivu traduit l’accélération du projet anglo-saxon, une accélération due au sursaut patriotique observé en Afrique de l’Ouest (Mali, Burkina Faso, Niger)1.

Ensuite, l’Uganda et le Rwanda, les forces d’agression directe pilotées par les États-Unis, armées et soutenues par la coalition Occidentale déjà décrite. L’annexion pure et simple de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu constituent le but de la guerre de conquête de territoires et de spoliation du peuple congolais. La volonté camouflée des deux pays de « restaurer » un fantasmé « empire tutsi » est en résonance avec la déclinaison de la « dissuasion intégrée » en Afrique Centrale : entretenir le chaos et sèmer la mort et la désolation au cœur de l’Afrique dans le but d’interdire tout processus de développement de cette sous-région. Il y a enfin les responsables ultimes de la tragédie sans fin du peuple congolais : les générations de ses élites dirigeantes, gouvernantes comme d’« opposition », nationales et provinciales, civiles et militaires qui se succèdent à la tête du Congo-Zaïre et de toutes ses Provinces depuis l’assassinat de Patrice Lumumba. Leur complète soumission à l’Occident, leur irréductible corruption et leur action exclusivement motivée par leurs intérêts propres les disqualifient radicalement. Des enfants et adolescents -entre 40.000 et 100.000- dont la place est sur les bancs d’écoles sont réduits en esclavage dans des mines artisanales sous la menace de milices armées pour le compte personnel de dirigeants politiques, de Généraux et Officiers Supérieurs congolais, rwandais et ougandais liés par la connivence ; des Institutions nationales et provinciales infiltrées par les agents ougandais, rwandais et des puissances impérialistes ; des communs nationaux offerts aux

1 Voir « Alerte rouge en Afrique Centrale » (https://ubuntukami.fr/).

fondés de pouvoirs de ces mêmes puissances (illustration, Dan Gertler) ; la défense du territoire confiée à des mercenaires organisés et commandités par la coalition Occidentale ; les Officiers subalternes et les soldats sans soldes abandonnés sans simple ravitaillement en nourriture ; les populations chassées de leurs terres, errant par millions au rythme des conquêtes sans véritables combats du Rwanda et du M23…. ! Tourner la page de ces horreurs suppose qu’auront été répudiées les élites dirigeantes, gouvernantes ou d’« opposition », disqualifiées car fascinées par une prétendue « démocratie » sous contrainte de conformité aux intérêts des puissances impérialistes et des leurs propres.

Que faire ? Pour les cinq ans à venir, un pack de trois objectifs interdépendants

Le but naturel de toute Communauté humaine est la survie collective, la sienne propre en tant qu’entité et celle des membres qui la composent. La volonté et la capacité de suivre ce cap constituent le critère ultime de légitimité de ceux et celles qui gouvernent ou aspirent au pouvoir au sein de la Communauté. Dans la situation actuelle en RD Congo, trois objectifs clés s’imposent aux patriotes congolais :

  1. Une reconstruction de fond en comble des FARDC et des Forces de Sécurité focalisée sur la capacité de rétablir l’intégrité territoriale de la RD Congo et d’assurer sa sécurité. Aucun moyen de la souveraineté nationale d’un pays ne peut être sous-traité à un tiers, les moyens de la sécurité sans doute encore moins que les autres. Confier la sécurité de la RD Congo à des puissances étrangères, directement ou par le biais de groupes de mercenaires commandités par elles, signifie qu’aux yeux des élites dirigeantes, la terre héritée des ancêtres n’est pas sacrée. La convergence de leurs intérêts propres avec ceux de l’impérialisme étant leur horizon, celles et ceux qui ont reçu la terre en legs doivent être maintenus dans l’incapacité de la défendre.
  2. La réappropriation par le peuple congolais de la souveraineté sur ses communs nationaux, en particulier les ressources du sol et du sous-sol, par décrets. A partir de cette réappropriation actée, définir un Code des Investissements structuré par les impératifs de souveraineté, de développement économique et de montée en compétences du personnel congolais. Pour illustration, la RD Congo est tout désignée pour abriter sur le sol national le principal écosystème de la production mondiale des composants indispensables pour les infrastructures et équipements industriels et de consommation finale de l’ère du numérique et de la transition énergétique. Cet écosystème positionnerait le pays sur toute la chaîne de valeurs de la filière du coltan et de celle du cobalt, ces minéraux actuellement irremplaçables dans les composants. Le contexte d’affirmation de la multipolarité du monde aujourd’hui fait que le Congo déciderait souverainement des partenaires étrangers éligibles pour des coentreprises sous contrôle majoritaire d’acteurs économiques publics ou privés congolais. Ce qui manque cruellement aujourd’hui au peuple congolais pour ce faire, ce sont des élites gouvernantes ayant une vision d’un futur désirable pour le peuple congolais et motivées par la volonté politique de poser avec résolution les actes de souveraineté qui convergent vers la réalisation du futur désirable.
  3. L’organisation d’une Conférence Nationale réunissant toutes les Provinces et toutes les forces vives de la nation en vue de la Refondation institutionnelle du Congo-Zaïre. Son objet, en particulier, sera de produire un mode de gouvernance construit pour la survie de la RD Congo en tant que communauté politique, pour servir l’intérêt national, la prospérité et le bien-être des populations. Dans la Loi Fondamentale devra figurer un article Constitutionnel définissant un statut de « lanceur d’alerte » pensé pour réprimer de manière implacable la corruption, les abus de biens sociaux et les abus d’autorité.

L’unique sauveur du peuple congolais est le peuple congolais lui-même. « Notre seigneur, notre sauveur » du Christianisme Vatican, Évangéliste ou d’autres religions restera toujours sourd aux prières des Congolais, car ce « sauveur » n’existe tout simplement pas. En revanche, la décolonisation mentale des Congolais est la clé qui leur permettra d’avoir une perception positive d’eux-mêmes, de restaurer leur dignité d’êtres humains et de jouir du respect des tiers semblables. Le salut ne viendra certainement pas de la coalition Occidentale qui doit sa puissance aux veines ouvertes du Congo-Zaïre et du peuple congolais 2. Il ne viendra pas de l’UA (Union Africaine), ni des organisations sous-régionales (CEEAC, SADC, EAC) ; aucune de ces organisations n’a une vision d’un futur de l’Afrique qui s’écarte de la soumission éternelle ; aucune n’a une représentation d’un futur désiré à construire ; toutes sont des rouages de l’ordre Occidental ; leur nocivité pour les peuples africains, avéré et amplement documentée, ne fait plus débat. Il appartient aux patriotes Congolais, civils et membres des FARDC et des Forces de Sécurité, de s’organiser et d’incarner un mouvement émancipateur du peuple congolais. Tous les patriotes africains, cependant, sont directement concernés.

Abbo A Beyeck 20 février 2025

2     Voir, par exemple, l’Accord d’approvisionnement de l’Union Européenne en minerais critiques et stratégiques par le Rwanda (février 2024) qui n’en dispose pas dans son sous-sol !

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