La tension à l’est de la République démocratique du Congo continue de s’intensifier avec des décisions administratives inhabituelles mais nécessaires. Suite à l’occupation de Bukavu par l’armée rwandaise et le mouvement insurgé M23, la ville d’Uvira a été désignée par le gouvernement congolais comme chef-lieu provisoire de la province du Sud-Kivu. Cette décision, officialisée lundi, a été constatée par l’Agence congolaise de presse en présence des autorités provinciales.
Lors de l’installation officielle, le vice-gouverneur du Sud-Kivu, Jean-Jacques Elakano, a précisé les raisons de cette démarche. « Vous avez certainement été informés du télégramme du vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, décentralisation et affaires coutumières, nous instruisant de nous installer à Uvira comme chef-lieu provisoire de la province du Sud-Kivu », a-t-il déclaré, en soulignant l’importance de respecter les consignes gouvernementales pour préserver la continuité administrative. M. Elakano a également mis en avant le rôle du gouverneur Jean-Jacques Purusi Sadiki dans la mise en œuvre de cette directive, affirmant qu’il s’agit d’une réponse stratégique à une situation critique.
Selon un télégramme daté du 28 février 2025, signé par le vice-premier ministre Shabani Lukoo Bihango, cette décision vise avant tout à sécuriser le fonctionnement de l’administration provinciale dans un contexte marqué par une pression militaire accrue. Ce document appelle les services publics à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir l’opérationnalité des institutions dans la ville d’Uvira, qui devient la nouvelle capitale provinciale par intérim du Sud-Kivu.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement congolais adopte de telles dispositions. Avec la prise de Goma par les mêmes forces dans le Nord-Kivu, la ville de Beni était déjà devenue le chef-lieu temporaire de cette autre province de l’est. Ces adaptations administratives, bien que rares, visent à préserver l’existence et la stabilité des institutions provinciales sous la menace des forces ennemies. Mais elles soulèvent aussi des interrogations sur l’ampleur de l’emprise sécuritaire dans cette région hautement stratégique et son impact sur la vie des habitants.
L’occupation de villes majeures comme Bukavu et Goma par des groupes soutenus par une puissance étrangère aggrave un conflit déjà complexe. Elle influe non seulement sur le quotidien des populations locales mais interpelle aussi les autorités nationales et internationales qui peinent à trouver des solutions pérennes. Dans cette atmosphère de tensions croissantes, la désignation d’Uvira comme capitale provisoire est un geste fort, mais il reste à voir si cela suffira à contenir les ambitions territoriales et militaires des forces en présence.
La population congolaise et la communauté internationale surveillent de près l’évolution de cette situation. Entre déplacement des populations, effondrement économique et crise humanitaire, l’avenir de la région est suspendu à la capacité des autorités congolaises à reprendre le contrôle des zones affectées et à instaurer des négociations durables.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net
