Depuis le dimanche 2 mars, la localité de Kasugho, située à 45 kilomètres à l’ouest de Lubero-centre dans le Nord-Kivu, est passée sous le contrôle des rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise. Cette région, peuplée d’environ 21 000 habitants, a été le théâtre d’intenses combats opposant les forces armées congolaises et les milices locales Wazalendo aux agresseurs. Cette offensive a engendré une désertion massive de la localité, ses habitants cherchant refuge à Lubero-centre ou dans les environs boisés.
D’après Paluku Kuliumbwa, fonctionnaire délégué de l’État à Kasugho, les rebelles sont arrivés via un chemin difficilement accessible. Leurs traces ont été signalées aux abords de la localité tôt dans la matinée, avant qu’ils n’y entrent après des affrontements acharnés avec les forces locales. Située entre la colline de Katoyi, habitat des gorilles dans la réserve de Tayna, et une riche zone aurifère à trois heures de marche, Kasugho représente un point stratégique bien qu’éloigné de Lubero-centre.
Si l’objectif précis des rebelles reste flou, certains observateurs avancent des hypothèses. L’un des aspects possibles de leur manœuvre est le contrôle de l’axe Alimbongo-Bingi-Kasugho, une route clé pour l’acheminement des minerais provenant de sites à proximité, comme Bunyatenge. D’autres experts locaux évoquent la possibilité que Kasugho serve de pont vers Kimbulu, situé au sud de Butembo, grâce à des sentiers moins sécurisés.
Dans cette zone, l’Ouganda, acteur régional de poids, a renforcé sa présence militaire. L’armée ougandaise (UPDF), stationnée à Lubero et le long de l’axe Masereka et Kasugho, s’efforce d’endiguer la progression du M23 dans ce que le fils du président ougandais Yoweri Museveni considère comme une zone d’influence stratégique ougandaise. Il est essentiel de noter que la stabilité de cette région est d’une importance capitale pour l’Ouganda en raison des liens commerciaux et des enjeux sécuritaires liés aux Forces démocratiques alliées (ADF), affiliées à l’État islamique.
La progression du M23 et la présence accrue de forces ougandaises dans le Nord-Kivu réitèrent la complexité du jeu géopolitique dans la région. Alors que le conflit s’intensifie, les habitants de Kasugho et d’autres villages environnants continuent de subir les conséquences dévastatrices de cette crise. Ces événements soulèvent une fois de plus des questions sur la volonté réelle des acteurs régionaux de parvenir à une paix durable.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
