La ville de Butembo, située dans la province du Nord-Kivu en République démocratique du Congo, a été le théâtre sanglant d’affrontements opposant deux groupes de miliciens Wazalendo dans la nuit du lundi 3 au mardi 4 mars. Ces combats, qui ont eu lieu dans la commune de Kimemi, ont laissé derrière eux un bilan tragique. Selon la société civile locale, au moins dix miliciens ont perdu la vie, tandis que plusieurs autres ont été blessés, dispersés dans des structures sanitaires périphériques afin de camoufler l’étendue du drame humain.
Les affrontements, rapportés entre minuit et 3 heures du matin, se seraient intensifiés autour de deux positions distinctes : le Mont Tabor, dans la concession de l’Université catholique du Graben (UCG), et Mavina, situé à quelques hauteurs de là dans le quartier de Malende. Ces turbulences auraient été déclenchées par une attaque-surprise du groupe de Mavina contre ceux retranchés à Tabor, en représailles à l’incendie de leur campement la veille. Cet accès de violence est le dernier en date d’une série de confrontations qui paralysent la région.
Au petit matin, l’horreur reprenait sa place dans la vie des habitants de Butembo. Parmi les premières découvertes macabres figurent quatre cadavres de jeunes hommes, soupçonnés d’appartenir au groupe de Mavina, abandonnés entre le site de l’UCG et la clinique universitaire de l’Horizon. Des photos circulant sur les réseaux sociaux montrent des scènes atroces : des individus présumés ligotés avant d’être cruellement abattus. Ce climat insoutenable renforce la panique dans les quartiers avoisinants tels que Vutsundo, Vusenzera, Katsya, Vukondi et Nduko.
La société civile de Kimemi dénonce fermement la récurrence de ces affrontements, qualifiés de “menace permanente à la sécurité” des civils. Dans une déclaration rendue publique, Jackson Bwahasa, représentant local de la société civile, fustige l’inaction des autorités. Selon lui, ces dernières ferment les yeux sur une situation explosive qui aurait dû être maîtrisée depuis longtemps. Il critique également les deux groupes miliciens pour leur rôle supposé de défenseurs sur la ligne de front, mission qu’ils ont tragiquement abandonnée au profit de querelles internes destructrices.
Pour rétablir la sécurité à Butembo, la société civile appelle à une intervention immédiate. Une traque rigoureuse des miliciens, ainsi qu’une évacuation des factions militaires installées dans la concession de l’UCG, sont des actions réclamées avec insistance. L’Église catholique est pressée de jouer un rôle proactif en délogeant les occupants de son terrain, tandis qu’un appel vibrant est adressé aux autorités locales et nationales pour prendre leurs responsabilités face à un véritable effondrement de l’ordre public.
Malgré l’urgence de la situation, les autorités restent silencieuses. Cette absence de prise de parole ne fait qu’intensifier les inquiétudes des habitants de Butembo, déjà à bout face à la menace constante des rebelles du M23, qui poursuivent leur avancée dans la région.
Le spectre de la violence continue donc de hanter Butembo, laissant les populations esseulées dans une quête désespérée de sécurité et de dignité. Jusqu’à quand faudra-t-il attendre pour qu’une action décisive soit prise afin de repousser cette spirale infernale ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
