Lors du culte dominical du 2 mars à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, le pasteur Eugène Bujiriri, chef de la cinquième communauté des Églises libres pentecôtistes en Afrique « Philadelphie », a lancé un appel retentissant à la paix. Face à une congrégation de centaines de fidèles, ce responsable religieux a directement adressé ses paroles au chef de la rébellion du M23, Bertrand Bisimwa, présent avec ses collaborateurs à cette cérémonie.
Le message du pasteur Bujiriri était clair : mettre fin aux exactions perpétrées par les rebelles du M23 contre les populations civiles. Il a dénoncé les arrestations arbitraires et les violations des droits humains, affirmant que Bukavu, une ville qui a été consacrée « aux mains de Dieu depuis 2003 », mérite tranquillité et sécurité. Le dirigeant religieux a rappelé, avec force, que l’absence de bain de sang lors de la récente prise de la ville par les rebelles était le résultat d’une grâce divine, et non d’un quelconque manque de force des militaires des FARDC présents sur place.
Sous une salve d’applaudissements des fidèles, le pasteur Bujiriri a également prononcé des mots lourds de sens, appelant à une malédiction envers ceux responsables de la violence ou des tueries ayant endeuillé la ville. Dans une intervention personnelle et poignante, il s’est adressé directement à Bertrand Bisimwa en ces termes : « Mon frère Bisimwa, vous êtes mon petit frère, votre mère fut comme une mère pour moi. Faites passer le message à la population que tous ceux dont les biens ont été volés par vos hommes doivent se présenter chez vous pour une restitution. Si vous êtes venus à Bukavu avec le sang des innocents dans vos mains, attention, car ce sang vous suivra partout où vous irez. »
Le pasteur Bujiriri a également exhorté le chef de la rébellion à intervenir pour la libération des nombreuses personnes arrêtées et détenues par le M23 ces derniers jours, aux sorts encore inconnus. Cet appel, à la fois spirituel et humain, cherche à relancer un dialogue résolument tourné vers la fin de la terreur et la réconciliation dans une région éprouvée par les conflits.
Ce discours, qui souligne le rôle actif que les leaders religieux peuvent jouer en tant que médiateurs dans les crises sécuritaires, a fortement marqué les esprits dans une ville où les habitants aspirent désespérément à la paix. Alors que les tensions restent vives dans et autour de Bukavu, l’intervention du pasteur Bujiriri démontre à la fois la résilience de la société civile face aux défis sécuritaires et son rôle crucial dans la quête d’une solution durable. Que pourraient être les prochaines étapes pour ramener stabilité et respect des droits humains à Bukavu ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net