Une nouvelle contingence de l’armée ougandaise, connue sous l’acronyme UPDF, a traversé la frontière congolaise samedi dernier. Ces troupes ont pénétré le territoire de Mahagi, en Ituri, en passant par le poste frontière d’Anzida, soulevant inquiétude et interrogations parmi la population locale. Selon des sources sur le terrain, ces militaires ont immédiatement établi leur base à l’aérodrome de Zale, ajoutant à la présence déjà remarquée des forces ougandaises dans d’autres parties de cette région troublée.
Les habitants d’Anzida affirment avoir assisté à une scène inhabituelle et inquiétante : les soldats ougandais auraient forcé l’ouverture de la barrière frontalière pour entrer en territoire congolais. « Nous les avons vus ouvrir de force la barrière », a commenté un témoin bouleversé. Ce déploiement inattendu de l’UPDF semble marquer un nouvel épisode dans la coopération militaire entre l’Ouganda et la RDC, parfois perçue comme floue voire contestée par des observateurs locaux.
Au fil des mois, la présence militaire ougandaise en RDC s’est multipliée dans différents territoires de l’Ituri. Le 18 février dernier, des troupes supplémentaires sont arrivées à Bunia, où elles sont installées depuis dans le secteur de Tsere, en périphérie de la ville. Depuis deux ans, plusieurs garnisons ougandaises occupent des positions stratégiques dans cette province : Burasi, Bogundu, Ofay, Idohu, entre autres, attestant de l’ampleur de leur déploiement. Les chefferies de Walese Vonkutu, Babila Babombi et Bakwanza dans le territoire de Mambasa accueillent également un grand nombre de soldats.
Cette collaboration militaire s’inscrit, selon le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole de l’armée congolaise en Ituri, dans le cadre d’une stratégie bilatérale entre les FARDC et l’UPDF. « Elle s’oriente vers la consolidation de la paix dans la région durant la période de l’état de siège », a-t-il précisé lors d’une déclaration. Toutefois, cette présence intensive soulève des questions parmi les habitants et les organisations locales, certains s’interrogeant sur les bénéfices réels de cette “mutualisation des forces” exposée par les autorités.
Alors que l’état de siège est toujours en vigueur dans l’Ituri, visant à restaurer une stabilité fragile dans la région, les tensions restent palpables. La population, prise au milieu de ces initiatives militaires conjointes, aspire à retrouver une paix durable alors que le spectre de la violence persiste. Cette présence étrangère, bien qu’approuvée officiellement, continue de cristalliser les doutes et différentes opinions, au-delà des promesses officielles formulées pour justifier ces accords.
Cette situation illustre une fois de plus les défis colossaux auxquels la RDC est confrontée dans sa quête de sécurité et de stabilité dans l’est de son territoire. Avec l’arrivée de nouvelles troupes étrangères et l’intensification des opérations militaires, la région attend désormais de voir si cette “solidarité militaire” sera réellement synonyme de paix, ou si elle contribuera davantage aux frustrations et incertitudes de la population locale.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
