La séquestration du journaliste Tuver Tuverekweyo Wundi, directeur provincial de la Radio-télévision nationale congolaise (RTNC) à Goma, suscite une vague d’indignation en République démocratique du Congo (RDC) et au-delà. Depuis quatre jours, ce dernier est détenu par les services de renseignement des rebelles du M23, une situation dénoncée par l’ONG Journaliste en danger (JED) et l’Union nationale de la presse congolaise (UNPC).
Tuver Wundi, également représentant de JED dans le Nord-Kivu, a été vu pour la dernière fois le 25 février, réalisant un reportage au stade de l’Unité à Goma. Ce jour-là, des éléments de la police nationale avaient rejoint les rangs des rebelles avant d’être transférés dans un camp d’entraînement militaire. Sa disparition coïncide avec une période de grande instabilité dans la région, largement occupée par le M23. Depuis cette date, ses proches restent sans nouvelles et ses numéros de téléphone demeurent injoignables, plongeant sa famille et la profession dans l’angoisse.
Dans un communiqué publié le 1er mars, JED a vivement critiqué cette détention qualifiée d’arbitraire et exige la libération immédiate de Tuver Wundi. Selon l’organisation, un responsable de la communication du M23 a justifié cette détention en invoquant des “raisons d’enquête” sans toutefois apporter de clarté sur les faits reprochés au journaliste. L’Union nationale de la presse congolaise (UNPC) a également réagi énergiquement, accusant le M23 de bafouer la liberté de la presse et les droits fondamentaux des journalistes actifs en territoires conflictuels tels que le Nord-Kivu.
Parallèlement, des informations locales attestent que les rebelles du M23 ont investi les locaux de la RTNC à Goma, y installant leur propre matériel technique. Depuis, la station diffuse exclusivement des contenus à leur gloire, renforçant leur contrôle sur la sphère médiatique de la région. L’occupation de la RTNC symbolise une emprise grandissante des rebelles non seulement sur les territoires mais également sur la communication, un levier stratégique dans le contexte actuel.
Cette affaire témoigne d’une double atteinte : celle à la liberté individuelle du journaliste Tuver Wundi et celle, plus large, à la liberté de la presse en RDC. Alors que la région du Nord-Kivu est déjà confrontée à de graves troubles sécuritaires, la situation soulève des questions fondamentales. Quel sera l’avenir du journalisme dans une région en proie à l’instabilité chronique ? Quelle réponse les autorités congolaises et la communauté internationale apporteront-elles face à ces violations flagrantes des droits de l’homme ?
Le destin de Tuver Wundi demeure pour l’heure incertain. La mobilisation des professionnels, des ONG et de l’opinion publique sera-t-elle suffisante pour obtenir sa libération et garantir la sécurité des journalistes dans l’Est du pays ? Une chose est certaine : le silence et l’indifférence ne sauraient être une option face à l’érosion progressive des libertés dans cette région tourmentée de la RDC.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net