Le conflit armé qui secoue l’est de la République démocratique du Congo (RDC) a connu un nouvel épisode troublant ce samedi 1er mars. Le groupe rebelle M23 a présenté à la presse quatorze hommes vêtus de l’uniforme des Forces armées de la RDC (FARDC), les désignant comme des combattants des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Cependant, les FARDC n’ont pas tardé à réagir, dénonçant ce qu’elles appellent un “montage de mauvais goût” orchestré par le Rwanda et ses alliés rebelles.
Selon le M23, ces présumés membres des FDLR auraient été capturés sur le champ de bataille dans les confins du Nord-Kivu, où les affrontements se poursuivent entre les soldats loyalistes congolais et les rebelles. Parmi ces quatorze hommes, le nom du général Gakwerere Ezechiel, présenté comme un cadre supérieur des FDLR, a été mis en avant. Mais l’armée congolaise restée perplexe a rapidement soulevé des questions quant à la véracité de ces affirmations, avançant des preuves qui remettent en cause le récit du M23.
Les FARDC accusent le Rwanda et le M23 d’avoir mis en scène cette capture. Dans leur communiqué, elles soulignent que ces soit-disant “combattants” ont probablement été extraits de la prison centrale de Gitarama au Rwanda, où de nombreux anciens membres des FDLR sont détenus. Des uniformes militaires flambant neufs des FARDC auraient été utilisés pour habiller ces détenus, dans ce que l’armée congolaise qualifie d’une tentative d’intoxication de l’opinion publique nationale et internationale.
Un élément supplémentaire est venu discréditer cette mise en scène : l’un des présumés combattants, Patrick Ishimwe, aurait été présenté dans une précédente vidéo diffusée par les médias rwandais à Kigali, bien avant cette soudaine annonce du M23. L’armée congolaise y voit une incohérence flagrante.
Dans son communiqué, les accusations envers le Rwanda vont encore plus loin. Le général Gakwerere Ezechiel, qu’elles qualifient d’agent au service de Kigali, est pointé du doigt pour avoir participé à des massacres de civils congolais. Les FARDC dénoncent également l’assassinat sordide de soldats congolais malades ou blessés à Goma, retrouvés dans l’hôpital du camp Katindo. Ces meurtres, attribués à l’armée rwandaise, sont qualifiés de “crimes de guerre et de crimes contre l’humanité”, ajoutant ainsi une dimension effroyable au conflit.
Ce nouvel épisode s’intègre dans un contexte généralisé de tensions diplomatiques et militaires entre la RDC et le Rwanda. L’accusation persiste : Kigali est tenu responsable de soutenir activement le M23, un groupe armé qui contrôle certaines parties du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Le spectre des FDLR, groupe armé controversé né des cendres du génocide rwandais, semble cristalliser un conflit aux ramifications historiques et géopolitiques complexes.
Ce bras de fer entre le Rwanda et la RDC, exacerbé par des enjeux sécuritaires et politiques, s’inscrit dans une litanie de conflits qui ne cessent de fragiliser l’est du pays. La communauté internationale est-elle prête à intensifier sa médiation face à de telles accusations de violations graves des droits humains ? Plus que jamais, la paix dans cette région tourmentée reste un défi de taille.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net