Le lac Tanganyika, l’un des plus grands lacs d’Afrique, a été le théâtre d’une tragédie dévastatrice dans la nuit de vendredi au samedi 1er mars. Quatre enfants ont péri lors du naufrage du bateau “Maajabu ya Mungu”, à proximité du village Kimomo, situé à environ 30 kilomètres de Kalemie, dans la province du Tanganyika. Selon des témoins présents sur les lieux, l’embarcation a heurté une grosse pierre immergée dans le lac, causant ainsi une catastrophe qui continue de soulever des questions.
Le bateau, parti de Baraka à une centaine de kilomètres d’Uvira dans le Sud-Kivu, avait pour destination la ville de Kalemie. Cependant, la surcharge est pointée du doigt comme un facteur aggravant de ce drame. À bord, se trouvaient des déplacés fuyant les violences qui secouent le Nord et le Sud-Kivu, ainsi que des militaires blessés, probablement en quête de soins ou d’un refuge.
La douleur est palpable à Kimomo, où des familles éplorées cherchent désespérément à retrouver leurs proches disparus. Selon Nathan Mugisho, président du mouvement citoyen “Parlement débout sans tabou”, les habitants du village s’organisent comme ils peuvent pour pallier l’absence des autorités locales. « Il y a ici des familles qui pleurent parce qu’elles ne parviennent pas à retrouver leurs frères et sœurs. Une grande douleur se lit sur les visages dans le village Kimomo », a-t-il témoigné. Des pêcheurs volontaires, sollicités dans le cadre d’une opération spontanée de solidarité, poursuivent depuis le matin leurs recherches pour tenter de retrouver les corps encore portés disparus.
Cette tragédie soulève également des interrogations sur la régulation et la sécurité des transports sur le lac Tanganyika. Les naufrages y sont fréquents, souvent attribués à une combinaison de surcharge des embarcations, d’absence de réglementations strictes et de conditions climatiques imprévisibles. Cependant, le silence des autorités provinciales face à cet incident ne fait qu’exacerber la colère et l’impuissance ressenties par les habitants.
En attendant une éventuelle réaction officielle, cette catastrophe met une nouvelle fois en lumière la vulnérabilité des populations déplacées, contraintes de prendre des risques inconsidérés pour fuir les conflits. Le naufrage de “Maajabu ya Mungu” n’est malheureusement qu’un rappel brutal des défis sécuritaires et humanitaires auxquels fait face l’est de la RDC.
Alors que les familles se battent pour retrouver les corps des victimes, cette tragédie appellera sans doute à des réponses politiques aussi bien que sociales. Mais pour l’instant, à Kimomo, ce sont les larmes et la solidarité qui dominent.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
