Deux explosions meurtrières ont endeuillé la ville de Bukavu lors d’un meeting de l’AFC/M23. Selon des sources locales, le bilan serait lourd : 12 morts et 70 blessés, bien que le groupe armé, qui contrôle cette localité depuis le 14 février dernier, évoque un bilan légèrement inférieur de 11 morts et 65 blessés, dont six grièvement atteints. Ce drame, dont la nature des explosions reste encore indéterminée, est survenu dans un contexte déjà marqué par une violence accrue à l’est du pays.
Dans une réaction ferme, le président Félix Tshisekedi a qualifié cet acte de « terroriste odieux » et a présenté ses condoléances aux familles des victimes. Il laisse entendre une implication étrangère dans cette attaque sans en nommer explicitement les responsables, bien que le Rwanda, régulièrement accusé de soutenir l’AFC/M23, demeure sous les feux des projecteurs. En réponse, le groupe armé ôte toute responsabilité dans cet attentat et pointe Kinshasa, qu’il accuse d’avoir pris pour cible la population locale après le meeting de Corneille Nangaa, l’une des figures associées au mouvement.
L’incident s’inscrit dans une montée des tensions entre les autorités congolaises et le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir activement le groupe armé dans sa campagne militaire. Cette position a relancé les accusations d’« agression étrangère », alors que l’AFC/M23 poursuit son avancée territoriale dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Sur le plan international, l’appel à une enquête sur ces explosions ne cesse de croître. La représentante spéciale de l’ONU en RDC, Bintou Keita, a fermement condamné l’attaque et exhorté les autorités à établir les responsabilités. Elle a également rappelé les violences fréquentes qui touchent les civils dans cette région et le rôle de la MONUSCO en tant que partenaire pour la paix et la stabilisation dans ces territoires.
Alors que Bukavu s’interroge encore sur la véritable origine de ces attaques, cette tragédie souligne une fois de plus la complexité de la crise sécuritaire qui sévit dans cette partie de la République Démocratique du Congo. Les initiatives actuelles, tant militaires que diplomatiques, devront redoubler d’efforts si la paix et la sécurité doivent être durablement rétablies. Une nouvelle enquête indépendante risquerait également d’apporter des réponses troublantes concernant les acteurs impliqués dans ce conflit de longue date.
Les enjeux pour l’avenir de l’est du pays s’intensifient, laissant la population locale dans une attente angoissante, tiraillée entre espoirs de justice et crainte d’une escalade des hostilités.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd