La nuit dernière, la province du Nord-Kivu, au nord-est de la ville de Goma, a vécu une nouvelle escalade de violence. Plusieurs cas d’insécurité ont plongé la population locale dans une angoisse accrue alors que des affrontements meurtriers et des opérations armées ciblées ont secoué les territoires de Nyiragongo.
Dans cette atmosphère de terreur, un incendie tragique s’est déclenché dans un bistrot local, connu sous le nom de “Troisième mi-temps”, à Don Bosco Ngangi. Cet établissement, devenu une cible lors d’une opération de bouclage menée par la coalition M23/RDF, a laissé au moins quinze personnes calcinées. Parmi les victimes figurent des clients, le gérant et des serveurs. Les témoignages concordent : les assaillants auraient reçu des renseignements suspectant la présence de militaires FARDC et des wazalendo à l’intérieur. Aucun des occupants n’a échappé à ce drame, tandis que les tirs nourris ont atteint à proximité des foyers civils, causant notamment la mort de cinq personnes, dont une mère et ses deux enfants.
Cependant, ce n’est pas le seul drame qui endeuille cette nuit macabre. À Kinogo et Murambi, des villages rattachés à la chefferie de Bukumu et proches de la frontière rwandaise, des civils ont également été pris pour cibles. Deux jeunes motards ont péris sous les balles à Kinogo, dans ce qui pourrait être le geste de représailles orchestré par des anciens prisonniers de Munzenze libérés en janvier 2025. Non loin de là, à Murambi, un autre jeune homme a été froidement abattu. À Rukoko, un acte d’une brutalité inouïe s’est produit lorsqu’un présumé bandit a été brûlé vif par la population, réaction désespérée à une série de cambriolages nocturnes qui ont secoué le village.
Pour la population de Nyiragongo, le quotidien oscille entre la peur et la survie. Ces violences font suite à une série d’opérations entreprises par la rébellion AFC/M23, désormais maîtresse de Goma et de ses environs stratégiques. Depuis la prise de la ville à la fin janvier, les rebelles ont redoublé d’efforts pour démanteler tout réseau jugé favorable aux FARDC ou toute résistance locale. La frontière, notamment autour des bornes 12 et 13, demeure un théâtre d’affrontements continus alors que d’anciens soldats FARDC et wazalendo se sont repliés dans des zones inaccessibles.
La situation au Nord-Kivu illustre une fois de plus l’extrême volatilité qui s’empare de nombreuses provinces de la RDC. Autant de tragédies qui interrogent sur les perspectives de paix dans une région toujours plongée dans l’incertitude et l’insécurité. Combien de vies doivent-elles encore être sacrifiées avant de voir des horizons plus apaisés ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
