Un échange tendu oppose désormais l’épiscopat congolais et la Direction Générale de Migration (DGM) autour d’un incident impliquant Monseigneur Donatien Nshole, Secrétaire Général de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO). L’archevêque de Lubumbashi, Monseigneur Fulgence Muteba, également président de la CENCO, accuse la DGM d’avoir confisqué le passeport de Monseigneur Donatien Nshole pendant de longues heures à Lubumbashi. Une accusation vivement rejetée par le service gouvernemental.
La DGM, par la voix de ses responsables, affirme que si une telle décision devait être prise, elle le serait à Kinshasa, lieu de résidence de Monseigneur Nshole. Un des cadres de la DGM s’exclame : “Pourquoi confisquerait-on le passeport de Mgr Donatien Nshole et laisserait-on celui de Mgr Fulgence Muteba alors qu’ils sont ensemble partout ? Le premier est déjà rentré à Kinshasa sans incident. Ces accusations infondées sont un désaveu pour l’État de droit.”
Derrière cette querelle, un débat plus vaste s’immisce : celui du rôle de l’Église dans les initiatives pour la paix et la stabilité régionale. La CENCO et l’Église du Christ au Congo (ECC) ont coalisé leurs forces pour promouvoir un “Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs”. Cet ambitieux projet vise mobiliser les Congolais autour d’une paix durable et d’une cohésion renforcée, dans un contexte d’insécurité persistante à l’Est de la RDC.
Pourtant, cette initiative n’est pas sans susciter de controverses. La famille politique de Félix Tshisekedi reste sceptique quant à l’implication des églises dans un domaine qu’elle estime plutôt politique. Préférant s’appuyer sur des cadres régionaux tels que les processus de Luanda et Nairobi, le camp présidentiel voit d’un œil critique la démarche de la CENCO-ECC.
Cette confrontation entre les institutions ecclésiastiques et les cadres étatiques reflète la complexité des relations entre religion et politique en RDC. L’Église, pilier central de la société congolaise, a historiquement joué un rôle de médiation, mais son entrée dans l’arène de la stabilisation régionale bouleverse les équilibres délicats. Félix Tshisekedi, de son côté, donne priorité aux routes régionales en espérant des résultats concrets des consultations en cours. Avec ce climat de tensions, une question se pose : les initiatives de la CENCO-ECC peuvent-elles être un levier ou un point de friction supplémentaire dans l’équation déjà complexe de la paix en RDC et dans les Grands Lacs?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
