La situation sécuritaire déjà fragile à Uvira, dans la province du Sud-Kivu, s’aggrave jour après jour. Médecins Sans Frontières (MSF) tire la sonnette d’alarme après de violents affrontements survenus la semaine dernière entre l’armée congolaise et les miliciens Wazalendo. Ces combats sanglants auraient fait au moins 27 victimes, plongeant davantage la population locale dans la tourmente.
Depuis le 15 février, MSF observe une détérioration rapide de la sécurité dans cette région. Cette évolution inquiétante a forcé l’organisation à réduire temporairement ses équipes à Uvira, où elle intervenait d’arrache-pied pour accompagner le ministère de la Santé dans la prise en charge des patients atteints de Mpox. La situation semble toutefois avoir atteint un niveau critique, mettant en péril les efforts déployés pour soigner les malades et porter secours aux blessés.
Les témoignages glaçants des membres de MSF sur place révèlent l’ampleur du drame. « En entendant les tirs, nous devions nous mettre à l’abri rapidement ainsi que les patients, et avons dû mettre nos activités à l’arrêt, ce qui a retardé leurs soins et leur prise en charge », témoigne l’un d’entre eux. Une autre anecdote illustre l’horreur vécue : « Le lendemain, les tirs venaient de partout, alors nous avons dû rester chez nous. Mais l’hôpital recevait un grand nombre de blessés. Nous avons pris le risque de retourner sur le terrain, exposés à des balles perdues, pour épauler l’équipe en place. »
Depuis le 17 février, les hôpitaux locaux peinent à absorber l’afflux de blessés. Plus d’une centaine de personnes ont été prises en charge en quelques jours, démesurant les capacités médicales disponibles. Afin de répondre à cette crise, MSF prévoit de réorienter une partie de ses ressources pour prêter main forte à la prise en charge des blessés de guerre. L’organisation humanitaire s’affaire à acheminer du matériel médical essentiel vers plusieurs structures de santé de la zone d’Uvira.
En dépit de ces efforts, MSF souligne la nécessité impérative pour les parties impliquées dans le conflit de respecter les droits des civils et les infrastructures de santé. Caglar Tahiroglu, coordinatrice des activités MSF à Uvira, a lancé un appel pressant à cet effet. « La protection des civils, du personnel médical et des établissements de soin est essentielle afin que nous puissions continuer à fournir des soins à ceux qui en ont le plus besoin », a-t-elle déclaré.
En outre, les déplacements massifs accentuent cette crise humanitaire. Selon les autorités burundaises, environ 35 000 personnes ont fui Uvira depuis le début du mois de février pour chercher refuge ailleurs. Cette situation, symptomatique de l’instabilité récurrente dans l’est de la République Démocratique du Congo, appelle à une réponse humanitaire rapide et coordonnée.
Le Sud-Kivu, et particulièrement Uvira, demeure un théâtre des conflits qui met à l’épreuve les efforts des organisations humanitaires et des autorités locales. En l’absence de solutions pacifiques et durables, c’est la population civile qui continue de payer le prix fort.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
