Karim Asad Ahmad Khan, procureur de la Cour pénale internationale (CPI), est actuellement en visite à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo (RDC). Cette mission marque une étape cruciale dans les enquêtes menées par la CPI sur les crimes présumés commis dans l’est de la RDC, une région déchirée par les violences perpétrées par les groupes armés, notamment les rebelles du M23, accusés d’être soutenus par le Rwanda.
Lors de son arrivée, Karim Khan a exprimé son inquiétude face à la gravité de la situation. « Des centaines de personnes ont perdu la vie, des milliers d’autres ont été blessées. Le message doit passer clairement : personne, aucun groupe armé, aucune force alliée ne bénéficie d’une immunité. Tous doivent se conformer aux lois internationales », a-t-il déclaré, insistant sur l’application stricte du Statut de Rome, cadre fondateur de la CPI.
Il a également tenu à souligner l’importance de traiter les citoyens de la RDC avec la même dignité et considération que ceux d’autres régions du monde en crise, telles que l’Ukraine ou le Moyen-Orient. « Les populations congolaises méritent la même protection et attention que n’importe quel peuple sur le globe », a-t-il affirmé, appelant à une approche globale et holistique pour mettre un terme aux violences qui gangrènent la région depuis des décennies.
Le séjour du procureur en RDC inclut des échanges avec diverses parties prenantes, notamment des membres du gouvernement, des représentants de la société civile, des responsables de la mission de l’ONU (Monusco), et le président Félix Tshisekedi. Cette visite intervient notamment après une rencontre entre M. Khan et le président Tshisekedi lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, illustrant l’urgence et la gravité de la situation en RDC aux yeux de la communauté internationale.
Le contexte de cette visite est particulièrement tendu. Le M23 continue de gagner du terrain dans l’est du pays, prenant des localités stratégiques comme l’aéroport de Kavumu dans le Sud-Kivu. Kinshasa, tout en dénonçant les crimes commis par ce groupe armé, accuse fermement Kigali de le soutenir sur les plans logistique et militaire. Ces accusations alimentent une diplomatie frénétique visant à obtenir des sanctions internationales contre le Rwanda, avec l’appui d’organisations internationales telles que l’Union européenne et les Nations unies.
Le procureur Karim Khan a exhorté les parties à cesser les violences et à privilégier la paix, mettant en avant les sacrifices innombrables des populations congolaises. « Trop c’est trop. Le cri de détresse des enfants et familles de la RDC doit être entendu », a-t-il martelé. Il a également réitéré la disponibilité de la CPI à travailler main dans la main avec le gouvernement congolais et d’autres acteurs internationaux pour bâtir une solution durable à cette crise complexe.
Cette visite pourrait amorcer une nouvelle dynamique dans la quête de justice pour les crimes perpétrés en RDC. Les observateurs espèrent que cette démarche stimulera des actions concrètes pour alléger les souffrances des populations affectées et instaurer un climat durable de paix et de stabilité dans la région.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd