À Goma, une ville déjà fragilisée par l’insécurité chronique et les tensions liées au conflit, la situation semble avoir atteint un point de non-retour. Jeudi dernier, trois présumés bandits armés ont connu une fin tragique, brûlés vifs par des habitants du quartier Mugunga après avoir été accusés du meurtre de Richard Kabambi, un civil local. Cet incident s’inscrit dans une journée noire pour la ville, où un autre présumé voleur a subi le même sort, portant ainsi à cinq le nombre total de morts, dont quatre criminels présumés et un civil.
Selon des sources de la société civile, ces violences reflètent un sentiment de frustration et de désespoir croissants au sein de la population de Goma, confrontée quotidiennement à une insécurité croissante. L’évasion massive de prisonniers de la prison centrale de Munzenze, consécutive à l’offensive du groupe rebelle M23/AFC, a été un catalyseur évident de cette spirale de violence. Depuis l’évasion, des dizaines de détenus se sont éparpillés dans la ville, accentuant un climat déjà tendu. Près de dix personnes ont été victimes de justice populaire en l’espace d’une semaine, une statistique alarmante qui met en lumière l’absence de réponse tangible des autorités.
La population, lasse d’attendre une intervention efficace des forces de l’ordre et des autorités locales, semble désormais opter pour des solutions extrêmes. Toutefois, cette montée en flèche des actes de justice populaire augure des conséquences inquiétantes pour la stabilité de Goma. La cheffe de la Monusco, Bintou Keita, récemment intervenue lors d’une session du Conseil des droits de l’homme, a tiré la sonnette d’alarme sur cette détérioration rapide. Elle a pointé du doigt la libération incontrôlée de détenus de la prison de Munzenze, laquelle a engendré une augmentation notable des violences et des crimes, amplifiant encore davantage l’insécurité de la région.
Les wazalendos, des éléments armés non contrôlés qui prolifèrent dans Goma, constituent également une menace sérieuse. Une problématique qui, bien qu’évoquée par divers observateurs, reste sans réponses claires ou actions concrètes. Cette recrudescence de violence interpelle : jusqu’où la population est-elle prête à aller pour se protéger, et à quel coût pour la cohésion sociale et l’ordre public ?
Alors que Goma continue de souffrir d’insécurité flagrante, la question reste posée : comment enrayer cette spirale de violence et restaurer un semblant de normalité ? Les habitants réclament des réponses immédiates, un véritable plan d’action capable de rétablir l’espoir dans cette région en crise. Il est impératif que les acteurs locaux, nationaux et internationaux convergent leurs efforts pour apaiser cette zone stratégique de la République Démocratique du Congo.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd