Le démantèlement récent des camps de déplacés internes à Goma et ses environs soulève une vive controverse parmi les organisations humanitaires et les acteurs locaux de la République démocratique du Congo (RDC). Ces actes, survenus depuis fin janvier 2025, ont engendré une situation de crise humanitaire alors que des milliers de familles ont été contraintes de quitter les sites sans solutions alternatives claires. Ces événements interviennent dans un contexte déjà tendu où le Nord-Kivu, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), comptait fin décembre 2024 près de 2,8 millions de déplacés internes.
La majorité de ces populations vivait dans des camps situés en périphérie de Goma, organisés selon deux principaux axes. D’un côté, l’axe Kanyaruchinya-Goma, qui accueillait des familles fuyant les violences dans l’est de la province, en particulier les combats dans le territoire de Rutshuru. De l’autre, l’axe Goma-Sake abritait des déplacés ayant fui les troubles à l’ouest de la ville, notamment dans des camps tels que Bulengo, Buhimba ou SamSam.
Cependant, entre la nuit du 26 et du 27 janvier 2025, la situation a pris une tournure dramatique. Des bombardements sur l’axe Kanyaruchinya ont détruit tous les camps qui s’y trouvaient. Dans la panique, les familles ont dû fuir sans préparation, amplifiant encore l’incertitude quant à leur avenir immédiat. Pendant ce temps, l’axe Goma-Sake était lui aussi plongé dans l’instabilité. Des camps comme Bulengo et 8e CEPAC ont vu fleurir des ultimatums rebelles. Le M23 a donné un délai de trois jours aux déplacés pour évacuer leurs abris précaires, rajoutant à la détresse des populations déjà vulnérables.
Le bilan humanitaire est lourd : plus de 100 000 personnes ont quitté Goma vers les territoires voisins tels que Masisi, Rutshuru et Nyiragongo, selon OCHA. Cette dispersion imprévue aggrave une crise humanitaire, avec des défis majeurs d’accès au logement, à l’eau potable et aux soins de santé. Dans le quartier de Bulengo, plusieurs déplacés continuent de s’accrocher à des abris de fortune, faute de meilleures options.
Au-delà de la situation locale, cette tragédie soulève des questions plus larges sur la capacité de gestion des crises humanitaires à l’échelle mondiale, mais aussi sur la protection des déplacés internes dans des contextes de conflit armé. La communauté internationale ne peut-elle pas jouer un rôle plus actif dans la protection de ces populations vulnérables et la prévention de telles catastrophes ? La RDC et Goma, plus spécifiquement, se retrouvent une fois de plus sous le feu des projecteurs alors que la sécurité en RDC demeure un des enjeux clés de cette région déjà durement éprouvée.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net