Dans les territoires sous contrôle du groupe rebelle M23 au Nord-Kivu, le paysage médiatique subit de lourdes restrictions, mettant en péril la liberté de la presse. Sur les plus de 17 radios présentes dans ces zones critiques, seules six restent opérationnelles, selon l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC), sous-section du territoire de Lubero.
Les témoignages de professionnels sur place dressent un tableau accablant. Asaph Litimire, vice-président et coordonnateur du réseau des médias de Lubero (REMELU), a révélé que de nombreuses stations ont été prises pour cible lors des récents assauts des rebelles du M23. Certaines ont été pillées, d’autres contraintes de cesser leurs émissions ou de se limiter à la diffusion de musique, une situation tragique pour ces outils censés promouvoir l’information et la cohésion sociale.
Entre juin et juillet, cinq radios communautaires auraient été vandalisées par les rebelles progressant dans les environs de Goma. Litimire souligne également que le M23 maintient une mainmise stricte sur les contenus diffusés, interdisant la retransmission des émissions de chaînes nationales telles que la Radio-télévision nationale congolaise (RTNC). Malgré ces intimidations, des journalistes continuent de travailler sur place, bien que leurs voix soient muselées, incapables de traiter d’informations locales en toute indépendance.
À ces restrictions s’ajoutent les violences perpétrées dans le secteur de Bapere et en chefferie de Baswagha, où les actions des ADF ont entraîné la fermeture d’au moins cinq stations de radio communautaires. Ces incidents illustrent un double défi pour les travailleurs des médias : d’une part, faire face aux menaces des groupes armés et, d’autre part, garder vivante la flamme de l’information dans des environnements hostiles.
À l’occasion de la Journée internationale de la Radio, M. Litimire a mis en lumière le rôle vital des radios locales dans le développement et la communication de masse, invitant les décideurs politiques à intervenir rapidement. “Ces radios constituent des outils essentiels pour leur communauté et n’ont aucune implication dans ces conflits,” a-t-il insisté, appelant à des mesures de protection concrètes pour sauvegarder ces institutions cruciales.
Cet appel souligne une fois de plus la nécessité d’une approche proactive pour garantir que les médias puissent jouer leur rôle dans le cimentage d’une société informée et résiliente. La question demeure : combien de temps encore la voix des journalistes congolais pourra-t-elle être réduite au silence face aux crises persistantes ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
