Alors que la région de Bukavu, capitale provinciale du Sud-Kivu, observe un calme relatif ce samedi matin, des tensions sous-jacentes et des incertitudes pèsent lourdement sur la situation. La progression récente de l’AFC/M23, appuyé selon plusieurs sources par l’armée rwandaise, dans cette zone sensible soulève d’importantes questions. Peut-on espérer un retour à la normale ou sommes-nous à l’aube d’un nouvel épisode de crises en République Démocratique du Congo?
Au cours des dernières heures, quelques tirs sporadiques ont troublé le silence de la ville, témoins d’une situation encore instable. La nuit précédente a été marquée par des scènes de pillages dans le quartier industriel, touchant notamment des entreprises stratégiques telles que Datco, Pharmakina et les installations du Programme alimentaire mondial (PAM), selon plusieurs témoignages de résidents sur place. Cependant, contrairement à la prise de Goma par les mêmes rebelles il y a quelques années, certains services de base tels que l’électricité, l’eau courante ainsi que les médias, restent partiellement fonctionnels dans la ville. Ce contraste pourrait-il indiquer un changement dans la stratégie ou témoigne-t-il d’un chaos moins profond cette fois-ci ?
Les habitants de Bukavu, pour leur part, sont majoritairement cloîtrés chez eux, guettant nerveusement les évolutions de la situation. Les rues, autrefois animées, sont désormais largement désertes, traduisant une peur palpable qui gagne la population. La stratégie des habitants semble être celle de la prudence maximale face à un avenir imprévisible.
Pendant ce temps, à plus de 6 000 kilomètres de Bukavu, le président congolais Félix Tshisekedi, en déplacement à la Conférence sur la sécurité de Munich, a exprimé avec fermeté sa position concernant les événements en cours. Rappelant son refus de dialoguer avec l’AFC/M23, le chef de l’État a qualifié le mouvement rebelle de “paravent derrière lequel se cache l’armée rwandaise.” Il n’a pas manqué d’accuser le Rwanda d’une “agression déguisée,” soulignant le rôle prépondérant de Kigali dans la déstabilisation de l’Est de la RDC.
La situation au Sud-Kivu s’inscrit dans un contexte plus large de tensions récurrentes entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda. Les accusations mutuelles et la recrudescence sporadique des violences ne cessent d’alimenter cette crise aux dimensions régionales. Alors que le Sud-Kivu retient son souffle, tous les regards se tournent maintenant vers Bukavu et vers les éventuelles réactions internationales face à cet énième épisode d’instabilité en République Démocratique du Congo.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd