L’Union européenne (UE) a récemment exprimé sa vive inquiétude face à l’escalade de la situation dans le Sud-Kivu, marquée par la progression du groupe rebelle M23. Cette organisation armée, accusée de bénéficier du soutien du Rwanda, a franchi une étape majeure en entrant dans Bukavu, la capitale provinciale, suscitant des réactions à la fois locales et internationales.
« Alarmé par la nouvelle selon laquelle le M23, soutenu par le Rwanda, a pris Kavumu et est entré à Bukavu, ignorant les appels au cessez-le-feu. L’UE examine d’urgence tous les moyens à sa disposition. La violation continue de l’intégrité territoriale de la RDC ne restera pas sans réponse », a déclaré Anouar El Anouni, porte-parole pour les Affaires étrangères et la Politique de Sécurité de l’UE. Ces propos soulignent une prise de position ferme, bien que les mesures concrètes restent encore floues.
La nuit précédant cette déclaration a été particulièrement troublée pour Bukavu, une ville généralement considérée comme un centre stratégique du Sud-Kivu. Les pillages ont ciblé notamment des entreprises comme Datco et Pharmakina, ainsi que les locaux du Programme alimentaire mondial (PAM). Bien que le calme semble revenu ce samedi matin, la population demeure dans un état d’alerte constant, avec des rues désertes et une incertitude palpable quant à l’évolution des événements.
Contrairement aux événements de 2012 lors de la prise de Goma par le même groupe armé, certains services essentiels comme l’électricité, l’eau courante et les médias locaux restent encore fonctionnels à Bukavu. Cela constitue, néanmoins, une maigre consolation pour les habitants, cloîtrés chez eux et inquiets pour leur sécurité.
Depuis Munich, où il participait à la Conférence sur la sécurité, le président congolais Félix Tshisekedi a fermement rejeté toute idée de dialogue avec le M23. Selon lui, le groupe n’est qu’une façade masquant l’implication directe de l’armée rwandaise dans ce qu’il qualifie d’« agression rwandaise déguisée ». Cette analyse reflète sa détermination à maintenir une ligne dure face à ce qu’il considère comme une menace à la souveraineté nationale.
L’indécision demeure cependant sur l’ampleur des actions internationales à venir. Si des discussions sont en cours au sein de l’UE pour envisager des sanctions supplémentaires à l’encontre du Rwanda, aucune ligne claire n’a encore été définie. Cette situation, qui implique des intérêts diplomatiques et sécuritaires complexes, illustre une fois de plus les défis que rencontre la République démocratique du Congo pour préserver son intégrité territoriale et assurer la sécurité de sa population.
La progression du M23 et les répercussions sur le terrain soulignent la fragilité du climat sécuritaire en RDC, un pays régulièrement confronté à des conflits récurrents. Alors qu’une réponse internationale est attendue, reste à voir si celle-ci sera à la hauteur des attentes des populations affectées. En attendant, c’est la résilience des habitants de Bukavu qui est mise à rude épreuve.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd