La crise humanitaire et sécuritaire dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) atteint une intensité sans précédent, avec Corneille Nangaa, ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), désormais à la tête de l’Alliance Fleuve Congo, épaulé par le mouvement M23 soutenu par le Rwanda. Une offensive sanglante menée fin janvier 2025 a conduit à la chute de la ville de Goma, entraînant la mort de plus de 3 000 civils et plongeant la région dans le chaos.
Corneille Nangaa a rapidement établi son autorité sur la ville conquise, nommant des responsables tels que le maire et les bourgmestres. Lors de rassemblements au stade de l’Unité à Goma et de conférences de presse à l’hôtel Serena, il a affirmé son intention de dialoguer uniquement avec Kinshasa, refusant les processus de Luanda et de Nairobi. Cette posture a renforcé l’impasse diplomatique entre son mouvement et le gouvernement congolais, qui, de son côté, privilégie une discussion directe avec Kigali, accusé de soutenir les rebelles.
Sur le terrain, les conséquences de cette crise sont désastreuses. Les pillages, les violences sexuelles, ainsi que les affrontements sporadiques créent un climat de terreur dans une ville déjà asphyxiée par l’exode massif des populations. Les camps de déplacés de Kanyaruchinya et Bushagara sont vides à plus de 50 %, leurs occupants cherchant refuge dans les écoles et autres bâtiments improvisés de Goma. À cela s’ajoute l’incapacité des structures médicales à gérer le flux incessant de blessés graves. La fermeture de l’aéroport de Goma depuis le 26 janvier, combinée à l’interruption des axes routiers, complique encore davantage l’acheminement de l’aide humanitaire dont les habitants ont désespérément besoin.
La récente évasion de plus de 4 700 prisonniers de la prison de Munzenze amplifie les menaces pour la sécurité publique. Pendant ce temps, la justice militaire congolaise a émis un mandat d’arrêt pour Corneille Nangaa, l’accusant de complicité dans des actes de torture commis sous son autorité. Selon un document signé par le Colonel Magistrat Mbuta Muntu Parfait, l’ordre a été donné d’appréhender Nangaa où qu’il se trouve afin qu’il soit transféré aux autorités compétentes.
Alors que cette situation alarmante continue de s’aggraver, l’Est de la RDC demeure en proie à une instabilité déstabilisante, interpellant les acteurs tant nationaux qu’internationaux pour prendre des mesures immédiates. Quelle sera la prochaine étape dans cette crise humanitaire et sécuritaire ? Le spectre du chaos total plane sur Goma et ses environs alors que le pays recherche une issue à cette impasse tragique.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
