Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine se réunit ce vendredi 15 février 2025 à Addis-Abeba, en marge du 38e sommet des Chefs d’État et de gouvernement de l’organisation. Cette réunion s’inscrit dans un contexte de crise alarmante dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où l’activisme violent de la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda, continue de ravager les populations civiles.
Alors que les combats s’intensifient dans la province du Sud-Kivu entre les Forces armées de la RDC et les rebelles, des milliers de personnes se voient contraintes de fuir leurs foyers. Human Rights Watch (HRW) appelle ainsi l’Union africaine à prendre des « mesures décisives » pour mettre un terme aux violations des droits de l’homme perpétrées par toutes les parties impliquées dans ce conflit étendu. Cette ONG plaide également pour un soutien fort à la résolution récemment adoptée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, visant à renforcer les enquêtes sur les violations commises dans la région.
« La réunion du Conseil de paix et de sécurité est une occasion cruciale pour les dirigeants africains de démontrer leur volonté politique et leur leadership au service des populations civiles congolaises. Les responsabilités des violations doivent enfin être établies, et les abus sévèrement punis », a déclaré HRW dans une communication officielle.
Au-delà des affrontements militaires, ce conflit a également alimenté une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent. La prise de Goma par le M23 en janvier dernier, couplée à l’avancée des forces rebelles vers le Sud-Kivu, a entraîné le déplacement massif de dizaines de milliers de personnes alors même que l’accès humanitaire demeure obstrué. Des villages entiers tels que Kasunyu et Katana continuent de se vider de leurs habitants, fuyant vers des localités de refuge comme Bukavu ou Bunyakiri. Dans l’Ituri, au nord, les violences des groupes armés contre les civils se poursuivent sans relâche, aggravant encore le tableau sombre de l’est de la RDC.
Dans cette même région, les confessions religieuses, représentées par la CENCO et l’ECC, poursuivent leurs efforts de médiation. Après des consultations avec le mouvement AFC/M23, leurs émissaires ont été reçus par le Président rwandais Paul Kagame, que la communauté internationale considère largement comme un appui majeur à la rébellion.
Ces développements complexes interviennent alors qu’une réunion ministérielle d’urgence du CPS tenue fin janvier avait déjà mandaté une mission d’enquête sur la crise. Toutefois, le temps presse face à une situation qui ne cesse de s’aggraver. L’Union africaine se trouve à un carrefour historique : démontrera-t-elle une véritable capacité à intervenir efficacement dans l’un des conflits les plus complexes du continent ? Ou laissera-t-elle cette région sombrer encore davantage dans le chaos ?
Alors que le monde attend, les habitants des provinces du Sud-Kivu et de l’Ituri continuent de porter le poids d’un conflit implacable. Le moment de l’action concrète est arrivé.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd