Les tensions sont à leur comble en République démocratique du Congo (RDC), où les affrontements entre l’armée nationale et les combattants du groupe rebelle M23 mettent à rude épreuve la paix et la stabilité dans l’est du pays. Depuis deux semaines, l’avancée des rebelles a fait des milliers de victimes, plongeant des communautés entières dans l’horreur et déplaçant des centaines de milliers de civils. Mais qui est Sultani Makenga, ce leader controversé du M23, dont le nom est associé à des crimes de guerre ?
Natif de Masisi, une région verdoyante de la RDC, Makenga est issu de la communauté tutsie. Très tôt, il s’est engagé dans le Front Patriotique Rwandais (FPR), où il a combattu aux côtés des forces qui ont renversé le régime hutu extrémiste après le génocide rwandais de 1994. Reconnu pour sa stratégie militaire acérée, il fut plus tard intégré dans l’armée officielle rwandaise, avant d’entrer dans l’arène tumultueuse des conflits congolais.
En RDC, le parcours militaire de Makenga s’est entrelacé avec les enjeux régionaux complexes. Dans les années 1990, il a rejoint des groupes armés soutenus par le Rwanda, participant notamment au renversement de Mobutu Sese Seko. Par la suite, il est devenu l’un des leaders majeurs de la rébellion congolaise, avant de trouver sa place au sommet du M23.
Le M23, groupe rebelle créé en 2012, revendique la protection de la communauté tutsie face à des discriminations sociopolitiques. Cependant, rares sont ceux qui croient encore à leur discours d’altruisme. Les accusations de crimes de guerre, notamment l’utilisation d’enfants soldats et des violences envers les civils, pèsent lourdement sur Makenga et ses compagnons d’armes. Les Nations unies ont aussi reproché au groupe des exactions et des violations massives des droits humains.
Aujourd’hui, ce conflit met en lumière des décennies de tensions entre Kigali et Kinshasa. Alors que la RDC accuse le Rwanda de soutenir le M23, Kigali balaie ces allégations d’un revers de main, avançant des problèmes sécuritaires menacants à sa frontière. Ces querelles diplomatiques résonnent dans un contexte où la région est également convoitée pour ses ressources naturelles, exacerbant ainsi les animosités.
Le parcours de Makenga souligne un cycle sans fin de guerre et de rébellion. Malgré des condamnations internationales et une sentence de mort par contumace en RDC, il reste une figure énigmatique et influente. Ses récentes actions, notamment la reprise des affrontements en 2021, montrent qu’il n’a pas renoncé à son combat. Derrière les lignes de front, Makenga clame se battre pour offrir un avenir à ses enfants, mais le coût humain est incommensurable : des millions de victimes, des familles brisées et un territoire dilacéré par les violences.
Alors que les Nations unies tentent de maintenir un semblant de stabilité dans la région, une question demeure : la RDC pourra-t-elle un jour guérir de ces plaies infligées par des décennies de conflits armés ? La réponse, incertaine, réside peut-être dans une volonté politique et régionale de s’attaquer aux racines de ce mal, au-delà des enjeux individuels d’un homme comme Sultani Makenga.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net